Alors que le Canada a annoncé jouer un rôle de facilitateur dans le dossier de la crise anglophone au Cameroun, Yaoundé assure qu’il ne souhaite pas voir Ottawa jouer les médiateurs.
« Plus de 6 000 morts, 800 000 personnes déplacées et 600 000 enfants n’ayant pas pleinement accès à l’éducation ». La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, évoquait en ces termes la crise anglophone au Cameroun. Avant d’annoncer, le 20 janvier dernier, que « le Canada joue un rôle de facilitateur pour une résolution globale, pacifique et politique du conflit ».
Les civils sont les plus touchés par la crise au Cameroun avec plus de 6 000 morts, 800 000 personnes déplacées et 600 000 enfants n’ayant pas pleinement accès à l’éducation.
Le Canada joue un rôle de facilitateur pour une résolution globale, pacifique et politique du conflit. pic.twitter.com/sEP8s6LLr3
— Mélanie Joly (@melaniejoly) January 20, 2023
Et le gouvernement canadien d’assurer que « des rencontres ont déjà eu lieu à Montebello et à Mont-Tremblant au Québec, ainsi qu’à Toronto dans l’Ontario », qui auraient « permis aux différentes parties de négocier et d’établir une feuille de route vers un potentiel accord de paix ».
Aucun mandat pour le Canada ?
Sauf que, à en croire les autorités camerounaises, le Canada, qui affirme que, lors de ces rencontres, a vu son rôle de facilitateur « formalisé », n’aurait en réalité aucun mandat pour jouer un rôle de médiation dans la région. Le gouvernement camerounais assure en effet, dans un communiqué cinglant, « qu’il n’a confié à aucun pays ou une entité extérieure, un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur pour régler la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».
Ce lundi a donc débuté une passe d’armes entre les deux pays. D’un côté, le Canada assure, par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, que sa « déclaration tient » malgré le communiqué camerounais. Il assure que « le seul intérêt du Canada est de contribuer à une résolution pacifique et à un avenir plus sécuritaire pour les civils affectés par ce conflit ».
Informations démenties
Mais pour le Cameroun insiste : « Il appartient d’abord au peuple camerounais, aux institutions et aux dirigeants qu’il s’est librement donné de rechercher des voies et moyens appropriés pour la résolution des problèmes auxquels notre pays est confronté ». Autrement dit, le Cameroun assure qu’il ne veut aucune ingérence étrangère dans le dossier de la crise anglophone et laisse entendre qu’il n’a jamais demandé d’aide au Canada.
Or, selon la presse outre-Atlantique, Yaoundé a bien fait appel au gouvernement canadien l’été dernier. Le Cameroun cherchait alors un médiatique entre le gouvernement et les séparatistes anglophones, à en croire le très sérieux journal La Presse, qui évoque des rencontres secrètes à Montebello, à Mont-Tremblant et à Toronto.
La ministre des Affaires étrangères a évoqué un accord signé entre la République du Cameroun, le Conseil de gouvernement de l’Ambazonie et les Forces de défense de l’Ambazonie, le Mouvement populaire de libération de l’Afrique et les Forces de défense du Sud-Cameroun, le gouvernement intérimaire, ainsi que l’Équipe de coalition de l’Ambazonie. La Presse confirme que toutes les parties étaient bien présentes à la signature de cet accord.