Le sommet États-Unis-Afrique devrait préciser que l’alignement des objectifs, des priorités et des actions respectifs est dans l’intérêt des États-Unis et des pays africains.
Le président Joe Biden accueillera le deuxième sommet des leaders Etats-Unis-Afrique à la mi-décembre 2022.
L’accent sera mis sur huit domaines : l’engagement économique ; la paix, la sécurité et la bonne gouvernance ; la démocratie et les droits de l’homme ; la sécurité sanitaire régionale et mondiale (y compris le rétablissement après le COVID-19 et la préparation aux pandémies) ; la sécurité alimentaire ; le changement climatique ; les liens avec la diaspora ; et l’éducation et le leadership des jeunes.
Sur les 55 chefs de gouvernement africains, 49 ont été invités au sommet. Le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et le Soudan sont actuellement suspendus de l’Union africaine en raison de coups d’État, et n’ont donc pas été invités.
Le Sahara occidental (officiellement appelé République arabe sahraouie démocratique), bien que membre de l’Union africaine, n’est pas reconnu par les États-Unis et n’a donc pas été invité. Les États-Unis n’ont pas d’échange d’ambassadeurs avec l’Érythrée, d’où son exclusion.
La première édition de ce sommet s’est tenue en 2014, pendant le second mandat du président Barack Obama. La convocation de ce deuxième sommet peut laisser penser que l’Afrique est importante pour l’actuelle administration américaine.
La rencontre n’a pas de thème précis, mais un événement parallèle sur l’espace est le bienvenu.
Pour l’Afrique, l’espace est l’un des programmes phares de l’Agenda 2063, tandis que pour les États-Unis, l’espace est un domaine critique car une dégradation ou un refus d’accès à son infrastructure satellitaire aurait un impact considérable sur sa sécurité nationale, son économie et les moyens de subsistance de la population.
Il est donc important d’aligner les priorités et les intérêts des États-Unis et de l’Afrique pour que la réunion prévue soit fructueuse.
Les attentes du Forum spatial Etats-Unis-Afrique
Le Forum spatial a trois thèmes principaux de discussion : la crise climatique, la promotion d’un comportement responsable et le renforcement de la coopération en matière de science et d’activités spatiales commerciales.
Ces thèmes sont conformes au document sur les priorités de la politique spatiale américaine publié il y a environ un an.
Comme indiqué dans ce document, les deux priorités des États-Unis dans l’espace sont les suivantes :
- le maintien d’une entreprise spatiale américaine robuste et responsable
- la préservation de l’espace pour les générations spatiales actuelles et futures.
Les États-Unis veulent maintenir leur leadership dans l’espace, développer des capacités spatiales pour répondre au changement climatique et stimuler leur secteur spatial commercial.
Il est également important pour les États-Unis de défendre leurs intérêts en matière de sécurité nationale et de garantir l’accès à l’espace pour leurs générations futures.
Il semble que l’Afrique ne va pas contribuer à l’ordre du jour du forum spatial prévu. Néanmoins, l’approche et les contributions de l’Afrique doivent s’articuler autour de la politique et de la stratégie spatiales africaines.
L’objectif primordial de l’Afrique est de répondre aux besoins de développement du continent tout en étant un utilisateur responsable et pacifique de l’espace. Ses principales priorités sont le développement socio-économique, l’accès aux données, produits et services dérivés de l’espace, le développement de l’industrie spatiale locale, la gouvernance et la gestion d’entreprise, la coordination spatiale continentale et les partenariats bénéfiques.
Alignement des intérêts
Les agendas des États-Unis et de l’Afrique en matière d’espace ne sont pas divergents, ils sont seulement axés sur des intérêts internes. Des efforts sont donc nécessaires pour aligner leurs politiques et actions respectives dans un intérêt mutuel.
Par exemple, le changement climatique affecte les besoins sociaux, économiques et environnementaux de l’Afrique. Il ne s’agit donc pas seulement d’une priorité de l’administration Biden.
La 27e conférence des parties (COP27) de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui s’est tenue à Sharm El-Sheikh, en Égypte, a souligné que la plupart des lacunes en matière d’observation et de données se situent dans les pays en développement.
Grâce à la technologie spatiale et satellitaire, ces lacunes peuvent être comblées. Les satellites constituent donc le cœur du Système mondial d’observation du climat.
La technologie spatiale offre également des outils pour l’atténuation et l’adaptation au climat. Le partage des connaissances et des technologies est donc nécessaire pour combler les lacunes des pays en développement.
Deuxièmement, l’Afrique s’est engagée à être un “utilisateur responsable et pacifique de l’espace”. Cela signifie que les pays africains s’engagent à ne pas prendre de mesures susceptibles d’affecter la capacité d’autres pays à opérer dans l’espace.
Il convient donc d’adhérer aux efforts mondiaux visant à promouvoir un comportement responsable dans l’espace et la durabilité de l’espace.
Les discussions sur la signature par les pays africains des accords d’Artémis, dirigés par les États-Unis, devraient être abordées lors du forum. Ces accords constituent un ensemble de principes pour la participation au programme d’exploration spatiale dirigé par les États-Unis, appelé Artemis.
Les pays africains doivent aborder ce cadre avec une compréhension claire des coûts et des avantages. La stratégie spatiale africaine met également en évidence les missions, technologies, opérations et applications spatiales, qui devraient les guider dans leur prise de décision.
En ce qui concerne le troisième thème, le soutien à l’industrie spatiale commerciale de l’Afrique est dans l’intérêt des États-Unis et de l’Afrique. Les États-Unis doivent considérer les pays africains comme des alliés et donc supprimer les obstacles au partage des connaissances, au commerce et aux exportations. L’investissement dans le secteur spatial commercial de l’Afrique devrait être discuté lors du sommet.
En outre, des efforts doivent être déployés pour renforcer les liens et les réseaux entre les universités et les instituts de recherche. Ce point devrait être abordé lors des forums sur l’éducation, la jeunesse et l’engagement des diasporas.
Au-delà du forum sur l’espace
Il existe plusieurs domaines potentiels de partenariat spatial entre les États-Unis et l’Afrique, notamment dans les domaines d’intérêt du programme spatial africain : l’observation de la Terre, la communication par satellite, la navigation par satellite et l’astronomie.
Le Forum spatial Etats-Unis-Afrique pourrait devenir une plateforme permanente d’échanges, d’alignement des politiques et de facilitation du commerce. Cet effort permettra de renforcer les relations globales entre les États-Unis et l’Afrique.
Etim Offiong, Scientific Officer, Obafemi Awolowo University
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