Le Maroc, sur recommandation des États-Unis, va livrer des pièces détachées de chars T-72 à l’Ukraine. Le royaume prend de plus en plus position dans le conflit entre Kiev et Moscou.
En avril dernier, les États-Unis cherchaient des chars T-72 pour les livrer aux forces ukrainiennes, dans la guerre qui oppose Kiev à Moscou. Ces chars sont devenus une denrée rare en Occident… Le New York Times indiquait, le 1er avril, que Washington négociait avec ses alliés de l’OTAN pour fournir des T-72 à l’Ukraine après la demande formulée par le président Volodymyr Zelinski, qui cherchait notamment à solidifier sa défense dans le Donbass. Quelques jours plus tard, on apprenait que la Pologne était en train de livrer 200 chars T-72 à Kiev.
Outre les chars, Paris était également entré dans la danse pour livrer des canons Caesar et des missiles antichars Milan à l’Ukraine. Une opération indirecte, prélevée sur les commandes d’autres pays. Les Caesar, par exemple, ont été prélevés sur une commande passée par le Maroc avant d’être envoyés en Ukraine fin avril dernier.
Une opération que Washington semble prendre comme modèle. Selon Africa Intelligence, la diplomatie américaine étend en effet ses opérations d’armement de l’Ukraine à l’Afrique. « Dans le plus grand secret, elle est parvenue à convaincre Rabat de livrer des pièces détachées de blindés T-72 à Kiev », précise ainsi le journal français.
De la neutralité à la prise de position
Les forces armées royales marocaines disposent plusieurs dizaines de chars de type T-72B/BK, acquis entre 1999 et 2001 auprès de la Biélorussie. En juillet 2015, l’entreprise publique ukrainienne Ukroboronservice avait demandé au Maroc des pièces de rechange pour ses chars T-72. Kiev est donc habitué à travailler avec Rabat sur ce sujet.
Mais la demande américaine faite au Maroc place, de fait, le Maroc du côté de l’Ukraine. Lors du scrutin à l’Assemblée générale de l’ONU en mars dernier concernant la résolution « condamnant l’agression russe en Ukraine », le Maroc s’était abstenu de voter, préférant être absent que de prendre position. En mars et en avril, le royaume avait fait de même pour éviter de se positionner contre la Russie.
Après un communiqué pour rappeler que le Maroc prônait le « respect de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’unité nationale de tous les États membres des Nations unies », le royaume avait pris part à une réunion, avec 40 alliés des États-Unis, tous membres de l’OTAN et plusieurs pays invités, en Allemagne pour parler de l’augmentation de l’aide militaire au gouvernement de Zelenski.
Un alignement sur la position américaine, donc, dont le point d’orgue est cet accord sur la livraison de pièces détachées de chars T-72 à l’Ukraine.