Populaire et tourné vers la France, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla vient d’être désigné Premier ministre du Burkina Faso par le capitaine Traoré.
C’est la surprise du chef. Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla vient d’être désigné Premier ministre par le capitaine Ibrahim Traoré. Et le moins que l’on puisse dire est que cela devrait rompre avec l’image, parfois austère, renvoyée par les juntes militaires. Car ce panafricaniste de 64 ans, avocat de formation, n’était pas forcément prédestiné à faire de la politique, plus habitué aux plateaux de télévision. Après avoir dénoncé les dérives de la transition du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, Kyélem de Tambèla devient donc l’homme clé du capitaine Traoré.
Et l’air de rien, le nouveau Premier ministre devrait permettre au Burkina Faso d’être à nouveau dans les petits papiers de l’Occident. Après des études en France, Kyélem de Tambèla n’a jamais tourné le dos à Paris. En août dernier, sur la chaîne BF1, il expliquait : « Il ne faut pas rompre avec la France pour la Russie. Les manifestants qui brandissaient le drapeau russe ne connaissent pas les affaires de l’État. Notre système d’enseignement est basé sur le français. Nous parlons le français ». Avant d’enchaîner quelques mois plus tard : « La Russie est plus exploiteuse que la France ; demandez des nouvelles à la Somalie, à l’Éthiopie et à l’Angola ».
A la différence du Mali, ou même de la Guinée, le Premier ministre ne devrait donc pas négocier avec la Turquie. De quoi bénéficier, du coup, d’une certaine clémence de la part de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de la France.
Reste à savoir quelle sera la marge de manœuvre du Premier ministre. Car s’il nuançait, lors de ses précédentes interviews, en précisant que le Burkina Faso doit « diversifier (ses) partenariats », ce sera avant tout le président de la Transition Ibrahim Traoré qui dictera la politique à adopter. D’autant que Kyélem de Tambèla n’est pas un dirigeant politique, il n’a ni parti, ni formation politique. Il avait d’ailleurs récemment assuré que le capitaine Traoré n’avait pas besoin de placer de Premier ministre.
Un civil à la primature, c’est cependant un message symbolique envoyé à la communauté internationale et aux instance sous-régionales. Ibrahim Traoré mise, de plus, sur un homme populaire, qui a un accès assuré aux médias du pays.
La seule inconnue reste la personnalité du polémiste. L’avocat a des positions généralement tranchées et dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Révolutionnaire, soutien de Sankara, le nouveau Premier ministre aura sans aucun doute la volonté de marquer l’histoire du Burkina Faso. Cela passera d’abord par la désignation d’un gouvernement de transition. Puis par des discussions avec les partenaires de Ouagadougou.