Alors qu’il a prolongé la période de transition, le président du Tchad Mahamat Idriss Déby Itno vient de désigner Saleh Kebzabo au poste de Premier ministre.
C’est officiel depuis ce mercredi : Saleh Kebzabo gouvernera le Tchad pendant la période de transition à venir, sans que l’on sache sa durée. Le 10 octobre dernier, le maintien de Mahamat Idriss Déby Itno en tant que président de la transition était presque passé inaperçu. Pourtant, le général, en se maintenant, envoie un signal à la communauté internationale : la transition que vit le Tchad n’en est pas une. Alors qu’elle avait été fixée à deux ans, cette transition risque de se poursuivre encore longtemps.
Et forcément, après le fiasco du dialogue national, l’opposition, aussi bien politique que civile, voire même militaire, semble désabusée. Car si le Mali, la Guinée ou le Burkina Faso sont aujourd’hui scrutés par les instances internationales et régionales, pressés d’effectuer des transitions rapides, le Tchad a, sans faire sourciller, réussi à dépasser le délai, qui pourrait plonger le pays dans un statu quo au long cours.
La tenue « d’élections libres et démocratiques » reportée, voire annulée, le président de la Transition a décidé de choisir un nouveau Premier ministre. Cela n’a pas tardé : deux jours après avoir été confirmé à son poste, Mahamat Idriss Déby Itno a désigné Saleh Kebzabo à la primature. Un choix symbolique, tant celui-ci, ces dernières années, s’est opposé au père du général.
Un Premier ministre sans ambitions politiques ?
Le choix de Saleh Kebzabo peut cependant s’expliquer assez facilement. Membre du premier gouvernement de transition de Mahamat Idriss Déby Itno, il y a un an et demi-, Kebzabo bénéficie d’une aura à l’international, notamment acquise grâce à son expérience en tant que journaliste. Le nouveau Premier ministre aura donc, en premier lieu, la charge de faire passer le prolongement de la transition tchadienne.
Saleh Kebzabo présente surtout l’avantage d’avoir de l’expérience mais d’être plus proche de la retraite que du début de sa carrière politique. À 75 ans, difficile en effet d’imaginer que le Premier ministre tentera, dans les prochaines années, de briguer la présidence du pays. Kebzabo est donc un Premier ministre qui ne fera pas d’ombre au général Mahamat Idriss Déby Itno, qui a donc écarté les potentiels premier-ministrables pour effectuer un choix stratégique.
D’autant que c’est également le choix de la continuité. Car Saleh Kebzabo dispose de nombreux soutiens au sein du gouvernement d’Albert Pahimi Padacké. Et la légitimité du nouveau Premier ministre repose sur le fait que ce dernier avait été désigné, en août dernier, vice-président du comité d’organisation du « dialogue national inclusif ». Une légitimité qui repose également sur le fait que Kebzabo soit un opposant, venant du sud du pays. De quoi faire passer la pilule du prolongement du délai de transition.