Samedi, les fidèles musulmans sénégalais se rendront en nombre dans la ville de Tivaouane à l’occasion du Gamou, une fête importante pour toute une communauté.
Ce 8 octobre, le Sénégal célèbre le Gamou. Du wolof pour parler du jour de Mawlid, la commémoration de l’anniversaire de la naissance du Prophète. Chaque année, dans la nuit du 11 au 12e jour du mois de Rabî’ al Awwal, le troisième mois du calendrier hégirien, les Sénégalais prient dans l’ensemble du pays. Mais une ville est particulièrement à la fête : Tivaouane.
La ville sainte, à quelques encablures de Thiès, accueille en effet à l’occasion du Gamou de nombreux pèlerins. Depuis 1902, Cheikh al-Saïdi al-Hadji Malick ibn Ousmane ibn Demba ibn Chamseddine Sy a fait de cette ville un incontournable du Gamou. Cette année-là, l’érudit religieux s’installe à Tivaouane, après avoir vécu en Mauritanie, à Saint-Louis, à Louga puis à Pire.
Malick Sy, installé à Tivaouane, a tout fait pour faire de Tivaouane le point de convergence névralgique du Gamou, une fête qui marque surtout au sein de la confrérie tidjane. Un acte religieux, mais aussi politique : la ville de Tivaouane est devenue le symbole du Gamou « dans un contexte où l’islam n’avait pas encore droit de cité au Sénégal, à cause des exactions des Ceddos, de l’administration coloniale qui n’appréciait pas le travail d’islamisation des chefs religieux », résume Makhary Mbaye, chargé de la communication du Dahiratoul moustarchidine wal moustarchidaty.
Une ville en quête de modernisation
« Le Mawlid est une tradition divine, parce que le Seigneur a été le premier à célébrer le Mawlid quand il a convoqué les anges auprès de lui pour leur demander de célébrer la naissance du Prophète en priant sur lui. Il leur a dit : ‘Le Seigneur prie sur le Prophète en même temps que ses anges’. C’est ainsi qu’il a demandé aux musulmans de le suivre dans cette dynamique. Et Maodo a dit : ‘Comme c’est le Seigneur qui a ouvert la voie, moi Maodo, je ne serai pas en reste’ », résume Makhary Mbaye concernant l’aspect spirituel du Gamou.
Nombreuses sont les dahiras, les associations de disciples, à converger vers la ville pour célébrer le Gamou qui commence bien avant la 11e nuit du mois de Rabî’ al Awwal. « Pour les dix premières nuit du mois, sont chantés dans toutes les mosquées de la ville les dix chapitres du poème de Mohamed Bousseyri ‘El Bourda’ (Le manteau) à raison d’un chapitre par nuit. On observe une pause le 11e jour avant de déboucher sur la nuit du Maouled », indique Assane Guèye à l’agence Anadolu.
Politiquement, Tivaouane est, depuis des décennies, l’endroit où être à ce moment de l’année. Le président sénégalais Macky Sall sera, dès ce jeudi, dans la ville sainte. « C’est la première visite du président de la République dans la ville d’El Hadji Malick Sy après la pose de la première pierre au mois de juin dernier de l’hôpital de niveau 3 », résume le journal sénégalais Le Soleil qui loue les investissements publics dans cette ville. « Dans sa ferme volonté de soutenir l’exercice des cultes, dans le confort des populations, avec le souci permanent de renforcer l’exemplarité du dialogue interreligieux, facteur de stabilité durable du Sénégal, le président de la République a initié en 2014 un Programme spécial de modernisation des villes religieuses du pays », rappelle le quotidien.