La miss mathématique 2022, Ange Miessan, rêve de devenir « data scientist ». Les mathématiques, explique-t-elle, détiennent la clé du développement de l’Afrique et du changement des mentalités.
Ouverte aux élèves de la troisième à la terminale, l’édition 2022 du concours « Miss Mathématique », organisé par la Société mathématique de Côte d’Ivoire (SMCI), a attribué le 4 août 2022, la couronne à Ange Roxane Youémin Miessan, une jeune fille de 15 ans de la classe de terminale C au lycée d’excellence Alassane Ouattara de Grand Bassam.
Cette distinction lui donne droit à des équipements informatiques et à une bourse pour financer ses études. Maintenant inscrite à l’université internationale de Grand-Bassam (UIGB), l’adolescente rêve grand et entend être un phare pour les jeunes africaines dans la filière mathématique.
A la veille de la rentrée universitaire, Ange Roxane Youémin Miessan a accepté de partager ses motivations et ses projets.
Quelles sont les raisons qui vous ont incitée à prendre part au concours Miss Mathématiques ?
La première raison est mon intérêt pour les mathématiques. C’est un domaine qui me plaît vraiment ; un domaine dans lequel j’aimerais plus tard exceller et faire des découvertes. Ce concours me permet de commencer la réalisation de ces objectifs. Par ce concours, j’aimerais tester mes connaissances et aussi les approfondir.
La troisième raison découle des encouragements de mes enseignants, de mes amis et parents afin de pouvoir réaliser mes objectifs dans le domaine des mathématiques. C’est vraiment un rêve pour moi de pouvoir être reconnue pour mes efforts et mes recherches. Et ce concours me permet de me préparer.
Comment expliquez-vous cet amour pour les mathématiques qui sont pourtant réputées difficiles comme vous le dites ?
J’aime les mathématiques parce que j’aime les défis. Au fur et à mesure de notre avancée dans les classes, les mathématiques devenaient de plus en plus compliquées. Partout où je passais, j’entendais toujours dire que c’est compliqué et que c’est difficile de s’en sortir. En classe de terminale, c’est vraiment difficile de garder le même niveau qu’on avait au premier cycle ou en seconde. Donc, je devais trouver un moyen de comprendre cette matière. C’était un défi pour moi de comprendre une matière redoutée de tous.
Au fur et à mesure que j’étudiais, je me rendais compte que les mathématiques étaient un domaine précis et qu’avec les mathématiques, les raisonnements doivent être logiques. C’est un domaine qui fait appel au bon sens et à la curiosité. Et toutes ces qualités sont celles que j’ai et c’est ce qui m’a motivée à vouloir percer dans ce domaine tant redouté.
Mes enseignants au second cycle ont été aussi une source d’inspiration pour moi. Ils m’ont donné l’amour des mathématiques et l’envie de toujours en savoir un peu plus. C’est ce savoir qui pourra me rendre heureuse.
Que savez-vous de ce que les mathématiques peuvent apporter au développement de l’Afrique ?
Pour moi les mathématiques sont capables de développer l’Afrique dans la mesure où c’est à partir des raisonnements logiques, des théorèmes et des découvertes que les physiciens arrivent à découvrir de nouvelles choses, que la technologie peut prendre vie. C’est avec les algorithmes en mathématiques que nous avons des téléphones portables performants et des ordinateurs pour pouvoir communiquer partout dans le monde.
Toutes ces découvertes, toutes ces avancées, aussi bien technologiques que mécaniques arrivent grâce aux mathématiques. Ce domaine apparaît comme un moteur du développement pour l’Afrique. A mon avis, les mathématiques détiennent la clé du développement de l’Afrique et du changement des mentalités. Les mathématiques font appel à un esprit de logique, de réflexion et de précision. Toutes ces vertus peuvent contribuer au développement de notre continent.
Quelle profession comptez-vous embrasser dans l’avenir ?
La carrière que je désire embrasser plus tard est celle de « data scientist » car c’est une carrière qui allie à la fois informatique et mathématiques. En plus, j’aimerais avoir un doctorat en mathématiques qui me permettra d’acquérir beaucoup de connaissances et de pouvoir faire des recherches pour l’avancée de mon pays et de mon continent.
Quels conseils donneriez aux jeunes filles d’Afrique face aux mathématiques ?
Le principal conseil que j’aimerais partager avec toutes les jeunes filles africaines, c’est d’oser. Oser faire ce que tout le monde redoute, oser se fixer des objectifs que tout le monde trouve irréalisable. Il est possible pour nous, jeunes filles, d’être meilleures dans les domaines scientifiques, plus précisément dans le domaine des mathématiques. Cela a été le cas de plusieurs grandes femmes dont Katherine Johnson[1].
Je pense que si certaines ont pu arriver à un tel niveau de reconnaissance mondiale, cela signifie que nous aussi, pouvons faire de grandes choses. L’Afrique a besoin d’hommes vaillants mais aussi de femmes capables de pouvoir faire des sacrifices pour développer certains domaines qui sont tellement inexploités en Afrique.
J’aimerais dire à tout le monde que les mathématiques ne sont pas aussi compliquées que nous le pensons. Il faut avoir confiance en nous-mêmes pour pouvoir aller de l’avant.
[1] Mathématicienne américaine (1918 – 2020) qui travailla notamment à la NASA, l’agence spatiale américaine.
Cet article a été publié sur la version française de SciDev.net et est reproduit avec leur autorisation.