Au Tchad, plusieurs parties ont décidé de boycotter le dialogue national inclusif. De quoi provoquer la colère du président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby.
Le dialogue national tchadien est-il voué à l’échec ? En mars dernier, le « pré-dialogue », qui se déroulait sous l’égide du Qatar, à Doha, avait été plusieurs fois suspendu, notamment en raison de désaccords entre le gouvernement et les opposants du Tchad. Début mai, et à quelques jours seulement du lancement officiel du dialogue national prévu le 10 mai, ce dernier avait finalement été reporté sine die, Le dialogue national inclusif, prévu pour le 10 mai prochain au Tchad, a été reporté à une date ultérieure, faute d’accord entre le pouvoir militaire et les groupes politico-militaires tchadiens.
Certes, les concertations ont finalement débuté le 20 août dernier, à N’Djamena. Mais en guise de dialogue, il s’agirait plutôt d’un monologue, à en croire la Conférence des évêques du Tchad, qui vient tout juste de claquer la porte des discussions. Pourtant, lors du lancement du dialogue national, l’organisation religieuse s’était félicitée du « caractère inclusif » des concertations.
Mais moins de deux semaines plus tard, revirement : les délégués de la Conférence des évêques du Tchad ont affirmé « ne pas cautionner la mainmise d’un groupe » sur les discussions et ont annoncé, samedi, leur décision de suspendre leur participation aux travaux du dialogue national.
« Il n’y a pas eu de dialogue. Pour nous, le dialogue se fonde sur l’écoute réciproque », attaque la Conférence des évêques, qui assure avoir « l’impression d’assister à une campagne électorale avec d’un côté ceux qui soutiennent le changement et un renouvellement de la classe politique et, de l’autre, ceux qui veulent continuer en mettant une machine savamment orchestrée ». L’organisation religieuse déplore enfin « une crise de confiance entre les différents groupes » et le manque de sincérité des discussions.
Les ONG menacent de suspendre leur participation
Le départ de la Conférence des évêques a été suivi d’autres incidents, qui ont amené les autorités tchadiennes à suspendre, hier, le dialogue national inclusif jusqu’à ce lundi. La faute au boycott, par le parti d’opposition Les transformateurs, des discussions. Depuis quatre jours, le siège de la formation politique est d’ailleurs encerclé par les forces de l’ordre, qui ont empêché la tenue d’un meeting samedi.
De quoi provoquer la colère de Mahamat Idriss Deby, le président du Conseil militaire de transition. « Toucher des miettes pour monter au balcon de l’illusion et de la division, c’est un choix mais aller dans la salle où se tient le rendez-vous de l’histoire et participer avec l’ensemble des représentants de la Nation à tracer les sillons du Tchad de demain, c’est encore mieux et patriotique », a-t-il prévenu. Une façon de mettre à la marge ceux qui refusent de dialoguer avec lui.
Mais les remous autour du dialogue national pourraient bien n’être qu’à leurs débuts. En effet, les associations de défense des droits de l’homme du pays ont posé un ultimatum à l’armée. Si cette dernière ne lève pas son siège autour des locaux des Transformateurs, elles assurent qu’elles ne prendront pas part à la reprise des discussions ce lundi.