Après les violences de ces derniers jours à Tripoli, la Turquie tente d’apaiser la situation et discute actuellement avec l’un des deux Premiers ministres, Abdel Hamid Dbeibah.
Après les propos « inacceptables » et « malvenus » du président français Emmanuel Macron qui, lors de son voyage en Algérie, a dénoncé les « réseaux » manipulés par la Turquie de faire de la propagande antifrançaise en Afrique, les relations entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdoğan ne risquent pas franchement de s’améliorer.
D’autant que, à distance, les deux pays tentent de jouer un rôle prépondérant loin de leurs bases… En Libye, Paris et Ankara ont en effet souvent essayé de jouer les médiateurs, sans succès. Car les deux Premiers ministres qui se disputent le poste, Abdel Hamid Dbeibah et Fathi Bachagha, n’ont jamais réussi à tomber d’accord.
Et ce malgré la médiation d’Erdoğan. Problème : cette tentative de médiation semble être aujourd’hui une épine dans le pied de la Turquie. Car les troupes sur place — le mandat militaire en Libye d’Ankara a été prolongé par le Parlement turc — auraient, selon le site progouvernemental turc Trhaber, joué un rôle dans les affrontements, qui ont eu lieu les 26 et 27 août derniers à Tripoli. Des affrontements qui ont fait 32 morts.
Plus concrètement, indique Trhaber, les brigades entraînées par la Turquie, mais aussi des drones turcs TB2, auraient soutent fournis par la Turquie seraient entrés en action en soutien des hommes d’Abdel Hamid Dbeibah.
Paris proche de Bachagha ?
Les deux rivaux, Bachagha et Dbeibah, ont mis à feu et à sang Tripoli, qui n’avait pas connu de tels combats depuis deux ans. Les troupes de Dbeibah s’étaient installée pour empêcher une possible attaque par les forces de Bachaga. Lorsque les milices de ce dernier ont bien tenté d’entrer à Tripoli, les combats ont fait plusieurs dizaines de morts.
Reste qu’Ankara compte toujours jouer un rôle de médiation dans la région. Selon l’Agence panafricaine d’information, Abdel Hamid Dbeibah a rencontré, hier, les ministres turcs de la Défense, Hulusi Akar, et des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, ainsi que le chef des services de renseignement, Hakan Fidan.
Qu’ont pu se dire les dirigeants turcs et le Premier ministre libyen ? Recep Tayyip Erdoğan est toujours déterminé à jouer un rôle en Libye et à tout intérêt à tenter de maintenir la paix. D’autant que les autres puissances étrangères ont, petit à petit, tourné le dos à Tripoli.
La presse turque accuse d’ailleurs nommément Paris de soutenir Fathi Bachagha. Selon des sources turques, la France aurait en effet décidé de faire du Premier ministre désigné en mars son poulain. A la condition qu’une fois Dbeibah éliminé, Bachagha mettre fins aux accords diplomatiques et économiques signés avec la Turquie.