Libéré provisoirement pour raisons de santé, l’ancien « Monsieur Renseignements » de RDC, François Beya, devrait se rendre à Paris pour y être hospitalisé. Mais son procès, lui, se poursuit.
Depuis hier, François Beya Kasonga est libre. L’ex-« Monsieur Renseignements » de Félix Tshisekedi, le président de République démocratique du Congo (RDC), avait été arrêté en février dernier par l’Agence nationale des renseignements (ANR). Une affaire aux contours sombres… Il avait fallu attendre l’ouverture du procès de François Beya, quatre mois après son arrestation, pour savoir que ce dernier était accusé de complot contre le chef de l’Etat.
Des observateurs congolais estimaient, à l’époque, que François Beya était en réalité au cœur d’une « guerre de palais », Tshisekedi ayant lancé un grand ménage chez les « sécurocrates ». D’autres hypothèses avaient été formulées, comme les suites de la mort mystérieuse de l’ancien patron des renseignements militaires, Delphin Kahimbi, qui s’était suicidé en février 2020 après avoir été interrogé par François Beya, ou une affaire de conflit minier entre Beya et un autre conseiller du président, Fortunat Biselele.
Reste que l’ancien homme fort du renseignement congolais est toujours officiellement poursuivi pour « complot et offense » contre le président. Mais depuis ce mardi 16 août, il est provisoirement libre. En effet, la Haute cour militaire de RDC a accordé à Beya la liberté provisoire, pour des raisons de santé, après une détention de plus de six mois. Dans la plus grande discrétion, Beya avait déjà été emmené à la clinique Ngaliema.
Et Beya devrait rapidement quitter le pays. Selon Africa Intelligence, le Congolais serait attendu à Paris dès cette fin de semaine, pour être soigné à l’hôpital américain, à quelques encablures de la capitale française. Un voyage qui n’a pas été simple à mettre en place. « Sa libération est le fruit d’un long plaidoyer mené par le clan Beya, conjointement aux chancelleries africaines et occidentales », affirme le journal.
Un voyage médical en France
D’où la décision des juges militaires, qui justifient donc leur décision par des raisons humanitaires. La Cour militaire a, en amont, désigné une équipe médicale, qui a examiné l’ancien conseiller de la présidence à plusieurs reprises. Il est ressorti des examens que Beya était gravement malade. Elle a donc recommandé une prise en charge rapide.
Mais ce voyage pour raisons de santé en direction de la France ne sera pas l’épilogue du procès qui, selon les magistrats, ne doit pas être retardé. Suite aux négociations entre le clan Beya et les autorités judiciaires du pays, il a été imposé à l’accusé des conditions non négociables : l’interdiction, pour Beya, de parler de son affaire à la presse ; l’obligation pour Beya de répondre aux convocations des juges ; et, enfin, l’obligation pour lui d’aviser le tribunal en cas de départ à l’étranger. Ce qui devrait donc avoir été fait pour permettre à François Beya de se rendre en France.
Du côté de la défense, on assure qu’« il n’y aura aucune entrave, de la part de M. François Beya, quant au bon déroulement du procès », et que son hospitalisation, supposément en France, n’aura pas d’incidence sur les audiences. Les autres accusés, qui avaient eux aussi demandé des examens médicaux, resteront, eux, derrière les barreaux après avoir demandé une libération provisoire.