Dans un peu plus d’une semaine, Emmanuel Macron se rendra en Algérie pour y rencontrer Abdelmadjid Tebboune. Un deuxième voyage à Alger qui revêt une importance capitale.
Si l’information n’est pas encore officielle, Emmanuel Macron se rendra bien en Algérie. L’aller-retour devrait se faire sur deux jours, les 25 et 26 août prochains, selon L’Opinion, qui indique que le conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient de l’Elysée, Patrick Durel, va se rendre seul, dans un premier temps, sur place pour préparer la prochaine rencontre entre le président français et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, à l’origine de l’invitation transmise à Emmanuel Macron.
Pour sa visite, Emmanuel Macron devrait être accompagné de plusieurs ministres parmi lesquels la nouvelle ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna. En décembre dernier, son prédécesseur, Jean-Yves Le Drian, s’était rendu à en Algérie pour tenter de réconcilier Paris et Alger, après plusieurs mois de tensions diplomatiques, notamment dues à des questions mémorielles.
Alger au centre de l’échiquier énergétique
Parmi les accompagnateurs d’Emmanuel Macron figureraient également le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, ainsi que le Grand rabbin de France Haïm Korsia.
Mais au-delà de la courtoisie qui sera forcément de mise, les retrouvailles entre Macron et Tebboune revêtent des enjeux de taille. Le premier concerne évidemment, indirectement, le conflit en Ukraine. Depuis que la Russie a engagé les hostilités avec Kiev, la crise énergétique menace l’Europe.
En avril, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, s’était rendu à Moscou et avait montré l’engagement de l’Algérie dans la résolution du conflit. Mais surtout, Alger s’est rapidement positionnée au centre de la bataille énergétique, l’Europe s’étant tournée, petit à petit, vers l’Algérie pour tenter de compenser son déficit énergétique.
Outre les questions économiques, il sera forcément question des dossiers africains, à l’instar de la Libye, confrontée à un blocage politique sans précédent, ou encore du Sahel, voire du Mali, avec qui Alger entretient de bonnes relations.
Les erreurs de Paris en matière de visas
Mais l’enjeu numéro 1 reste sans aucun doute le réchauffement des relations entre la France et l’Algérie. En terrain algérien, ce sera certainement à Emmanuel Macron de faire un premier pas en direction de son homologue. « L’Algérie entend ne pas être considérée sous la vision d’un simple marché et qu’il faille favoriser un partenariat gagnant-gagnant, écrit le professeur des universités Abderrahmane Mebtoul. Et c’est dans ce cadre que doit rentrer la coopération entre l’Algérie et la France, loin de tout préjugé et esprit de domination ».
Dans une tribune publiée le 7 août dernier dans le Figaro, l’ancien président français François Hollande prône « une relance du partenariat avec le Maghreb ». « Au moment où les bouleversements internationaux et notamment la guerre en Ukraine se répercutent implacablement sur l’économie mondiale, provoquant une hausse générale des prix qui pèsent sur le niveau de vie des populations des deux côtés de la Méditerranée, nous avons plus que jamais besoin d’approfondir cette relation et de lui redonner tout son sens, celui de la solidarité et de l’action », écrit l’ex-président.
Et c’est, selon François Hollande, à Emmanuel Macron de « montrer sa disponibilité ». L’ancien président rappelle que la décision de Macron de réduire les quotas de visas attribués aux ressortissants nord-africains était risquée. Il sera d’ailleurs certainement question, les 25 et 26 août, de la question migratoire. Si Paris veut profiter des opportunités économiques que lui offre l’Algérie, il faudra que la France lâche un peu de lest. Et accepte de faire un mea culpa.