Fin juillet, la RDC a décidé de vendre des parcelles du Bassin du Congo aux compagnies pétrolières. Une décision qui pourrait coûter cher à la planète.
Alors que la République démocratique du Congo fait partie des Etats membres du Fonds bleu pour le Bassin du Congo, la posture à Kinshasa semble être bien différente de celle, officielle, qui consiste à faire croire qu’il faut « répondre aux enjeux climatiques ». La sortie de Tosi Mpanu Mpanu, ambassadeur et expert en développement durable, qui est le principal représentant du pays sur les questions climatiques et conseiller du ministre congolais des Hydrocarbures, le prouve : « Notre priorité n’est pas sa sauver la planète », explique-t-il, de façon laconique.
Dans un article publié ce dimanche, le New York Times montre comment « le Congo va vendre aux enchères des terres aux compagnies pétrolières ». Le quotidien américain explique que « les tourbières et les forêts tropicales du Bassin du Congo protègent la planète en stockant du carbone » mais que, « désormais, dans un pas de géant en arrière pour le climat, ils sont vendus aux enchères pour le forage ».
Plus question de « laisser du temps à la nature pour se restaurer » ?
Le début d’une catastrophe climatique annoncée ? En tout cas, fin juillet, de grandes quantités de terres seront vendues aux compagnies pétrolières. Des terres qui accueillent des blocs de pétrole et de gaz, notamment dans le parc national des Virunga, le plus grand parc de gorilles au monde. « Si l’exploitation pétrolière débute dans ces zones, nous devons nous attendre à une catastrophe climatique mondiale, et nous devrons tous regarder, impuissants », indique au NY Times Irene Wabiwa, de Greenpeace Kinshasa.
On est loin de la volonté affichée de la RDC de lutter contre le réchauffement climatique. Outre son adhésion au Fonds bleu, le président du Congo, Félix Tshisekedi, était l’un des invités vedettes de la COP26 à Glasgow, en novembre dernier. Il avait alors annoncé des mesures contre la déforestation. Eve Bazaïba, ministre congolaise de l’Environnement, rappelait en Ecosse qu’il faut « laisser du temps à la nature pour se restaurer ». Du temps, le Bassin du Congo n’en aura que très peu, finalement.
La RDC doit-elle payer pour le reste du monde ?
Car à peine huit mois après la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques, où des centaines de millions de dollars avaient été négociées pour que la RDC puisse agir pour l’environnement, tout a changé. Probablement, en partie, à cause de la guerre en Ukraine et des besoins mondiaux en gaz. La RDC veut désormais engranger des fonds pour se développer. Des dizaines de blocs vont donc être mis aux enchères mais, selon le NY Times, il n’est pas certain que Chevron et TotalEnergies, deux compagnies visées par la RDC, tentent de les acquérir.
Au-delà du scandale provoqué par la vente aux enchères, la République démocratique du Congo semble vouloir ouvrir un débat. Alors que l’Afrique émet moins de 4 % de l’ensemble des gaz à effet de serre de la planète, elle doit aujourd’hui faire un effort considérable pour sauver le monde. « Peut-être qu’il est temps que nous obtenions des règles du jeu équitables et que nous soyons indemnisés », indique Tosi Mpanu Mpanu.
Si ce dernier assure « ne pas être dans la menace » vis-à-vis des bailleurs occidentaux, force est de constater que la RDC veut montrer aux autres pays qu’elle n’a pas à subir les inconséquences de l’Occident. Elle montre aussi que Félix Tshisekedi doit faire face à la réalité de la politique, en ménageant l’environnement d’un côté mais également le bien-être économique de ses populations de l’autre.