Les 20 et 21 juillet derniers, la République centrafricaine a gelé sa loi sur les cryptomonnaies, se pliant ainsi aux exigences des instances financières internationales.
La mèche a été allumée par la République centrafricaine. Alors que le régime Faustin-Archange Touadéra avait décidé de miser sur les cryptomonnaies, la Centrafrique s’était mis ses voisins à dos. Retour sur une décision qui a eu de lourdes conséquences…
Fin avril dernier, les autorités du pays adoptaient le Bitcoin comme monnaie officielle du pays, à l’instar du Salvador qui avait fait de même quelques mois plus tôt. Le président Touadéra estimait alors qu’il s’agissait d’une « décision historique ». Le 23 avril, Bangui avait indiqué vouloir mettre en vente, dès le 25 juillet prochain, 210 millions de « sango coin », le Bitcoin national, au prix de 0,10 dollar l’unité et vouloir récolter 21 millions de dollars, pour mettre à mal le franc CFA.
Vers la fragilisation du système CFA ?
Une décision surtout très rapide : alors que les cryptomonnaies étaient auparavant implicitement interdites, la RCA avait décidé de faire du Bitcoin un projet phare. De quoi provoquer la circonspection des instances financières internationales qui avaient, dans un premier temps, décidé de ne rien dire en pensant que l’idée du gouvernement centrafricain n’allait pas rencontrer son public.
Mais face à un intérêt finalement important de la part des utilisateurs, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Le 20 juillet dernier, Hervé Ndoba, ministre centrafricain des Finances et du Budget a été sommé de s’expliquer sur la politique financière de son pays lors d’une session extraordinaire du conseil d’administration de la BEAC.
Car c’est tout un système que la Centrafrique a voulu fragiliser : outre la BEAC, Hervé Ndoba a dû convaincre les pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC).
La RCA en recherche d’aides au développement
Mais alors qu’on s’attendait à une éventuel mise au ban de la République centrafricaine, finalement, un consensus a été trouvé : Bangui a accepté de geler l’application de sa loi sur les cryptomonnaies et de laisser le temps à la BEAC de dérouler sa propre réglementation. En réalité, les voisins de Bangui ont voulu ménager la RCA en lui laissant une chance de rentrer dans le rang.
Une position qui satisfait les instances financières africaines mais également le Fonds monétaire international. Le FMI avait en effet envoyé une délégation à Bangui la semaine dernière pour tenter de comprendre ce qui se déroulait sur le sol centrafricain et de convaincre le gouvernement de souscrire à la convention de l’UMAC sur les cryptomonnaies.
Ce qui avait surtout déranger les instances financières africaines, c’était alors que Bangui autorisait la convertibilité des cryptomonnaies en franc CFA. Un risque pour la monnaie africaine, qui risquait d’être concurrencée par le Bitcoin. Surtout, le « sango coin » aurait échappé au contrôle des banques centrales.
Bangui aurait pu tenir tête à ses voisins, notamment lorsque l’on sait à quel point les cryptomonnaies effraient les instances continentales. Mais la RCA est l’un des pays les plus pauvres du continent et espère trouver des soutiens auprès des bailleurs de fonds internationaux. Le gouvernement de Touadéra a donc tout fait pour ne pas entrer dans une bataille interminable.