Après deux jours de manifestations en Libye, causant notamment l’incendie du Parlement de Tobrouk dans l’est, le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah aurait annoncé, ce dimanche 3 juillet, sa démission.
« Démissionnons tous et laissons le peuple voter ! ». Voilà ce qu’a déclaré, ce dimanche 3 juillet, le Premier ministre de Libye, Abdel Hamid Dbeibah.
Alors que l’organisation des élections en Libye a pris du retard, et que les coupures de courant intempestives en période de chaleur intense se font nombreuses, de larges manifestations ont été organisées dans touts les villes libyennes.
Dans l’est, à Tobrouk, les manifestants ont investi le siège de la Chambre des représentants (HoR), avant de l’incendier dans la nuit du samedi. A Tripoli également, les manifestants se sont mobilisés par milliers, réclamant la démission du chef du HoR Aguila Salah, et son homologue du Sénat Khaled al-Michri.
Les manifestants, qui portaient des gilets jaunes – à l’image du mouvement politico-social français opposé à la politique fiscale d’Emmanuel Macron – ont réclamé que les deux parlementaires, qui n’arrivaient pas à s’accorder sur le cadre des élections, démissionnent.
Toutefois, les manifestants n’ont pas attaqué le gouvernement d’unité nationale (GNU) d’Abdel Hamid Dbeibah outre-mesure. Dbeibah a néanmoins exprimé son soutien aux manifestants. En effet, le Premier ministre libyen soutenait des élections en 2022. Et sa feuille de route dépendait grandement des pourparlers du Caire, dirigés par la cheffe de la Manul Stephanie Williams et auxquels participaient Aguila Salah et Khaled al-Michri.
Finalement, surprenant tout le monde, Abdel Hamid Dbeibah aurait annoncé sa démission ce dimanche, selon les médias Al-Bilad News et One Tn.
Un bon coup de communication ?
Dans le communiqué annonçant sa démission, reçu par la rédaction du Journal de l’Afrique, Dbeibah indique : « Dans cette heure décisive que traverse notre pays aimé, et au vu des conflits politiques intestins que traverse l’Etat, (…) je me suis senti obligé à présenter ma démission en tant que chef du gouvernement d’unité nationale à partir de la date d’émission de ce communiqué ». Et de continuer : « je souhaite avoir mené à bien mes fonctions durant la période passée, en toute loyauté et honnêteté devant Dieu et le grand peuple libyen ».
Le Premier ministre libyen met aussi en exergue la « grande mouvance populaire » qui réclame « la chute de tous les organismes politiques ».
Dbeibah-Bachagha : deux salles, deux ambiances
Mais avant que ne filtre le communiqué de démission de Dbeibah, rien ne laissait croire qu’il en arriverait à une telle décision. D’abord, durant les semaines passées, Dbeibah semblait consolider sa position à Tripoli, contre son rival nommé par le HoR, Fathi Bachagha.
Et justement, dans son annonce de démission, Dbeibah déplore « des parties qui ont empêché (le gouvernement) d’accomplir son devoir, et qui ont arrêté les exports de pétrole ».
D’ailleurs, contrairement à Dbeibah, Bachagha a condamné l’attaque contre le siège du Parlement, appelant les manifestants « des saboteurs loyaux à l’ancien régime (de Kadhafi, ndlr) ».
Dans tous les cas, la situation sécuritaire suggère que Tripoli, contrairement à Tobrouk et Benghazi, sera relativement sereine. Le gouvernement de Dbeibah pourrait également être maintenu, le temps que la situation politique s’éclaircisse. Reste à savoir si les chefs de l’est libyen – Bachagha, Salah et Khalifa Haftar – cèderont devant la pression populaire.