Après deux jours d’intenses combats entre les soldats congolais et les rebelles du M23, ces derniers se sont emparés de la ville de Bunagana, à la frontière ougandaise.
Cela fait maintenant quelques mois que les rebelles du mouvement du 23 mars (M23) multiplient les attaques dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Depuis plusieurs jours, l’Etat et l’armée congolais accusent le Rwanda voisin de soutenir le M23. Les forces armées congolaises (FARDC) ont présenté plusieurs preuves, et les Casques bleus de la Monusco ont confirmé les accusations de Kinshasa.
De son côté, le Rwanda a accusé la RDC d’armer et soutenir le groupe rebelle Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Le ministre rwandais de la Défense avait également, vendredi dernier, accusé les FARDC d’avoir tiré des roquettes sur le territoire rwandais.
Une situation qui ne cesse de s’envenimer, donc. Si les espoirs de paix reposaient sur une future rencontre entre les présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi, les évènements de ce lundi ont changé la donne.
En effet, dans « un acte qui n’était pas prémédité », les rebelles du M23 ont investi la ville stratégique de Bunagana. Avant la reddition du groupe rebelle en 2013, cette ville était sa forteresse dans l’est congolais, et après cette date, elle était devenue un vrai hub commercial et diplomatique dans la région des Grands Lacs. En effet, Bunagana ouvre sur un très rentable poste de douanes séparant l’Ouganda et la RDC. Et l’unique route traversant le Nord-Kivu vers le Rwanda passe par Bunagana.
Les FARDC défendant la ville se sont repliés vers l’Ouganda, et plus de 30 000 civils déplacés sont aujourd’hui sur les routes.
Tout se complique pour Kinshasa
Le M23 accuse pour sa part une « coalition des forces armées congolaises et des FDLR » de « bombarder et harceler » ses positions et de « terroriser les populations civiles ». Le M23 a appelé le président de la RDC, Félix Tshisekedi, à « saisir cette opportunité pour mettre fin aux violences causées par cette guerre inutile ».
Le gouvernement congolais avait, pour sa part, accusé le Rwanda d’appuyer le M23 avec 500 soldats. Kinshasa qualifie d’ailleurs le M23 de mouvement terroriste.
JUST IN: Congolese National Army (FARDC) claims #Kigali has deployed more than 500 soldiers in support of the M23 rebel movement. pic.twitter.com/ekgfE4A1if
— Mwangi (@MwangiMaina_) June 9, 2022
Après la prise de Bunagana, deux « sources militaires anonymes » auraient confié à Reuters que le M23 était également soutenu par… l’Ouganda. Or, dans la mesure où le pays voisin est engagé militairement avec l’armée congolaise, mais a également accueilli les réfugiés fuyant Bunagana, ces accusations s’inscrivent sans doute dans un agenda propre à ses instigateurs.
Le président de la RDC Félix Tshisekedi n’a pas encore commenté l’invasion de Bunagana par le M23. Son état-major, en revanche, parle d’une « occupation de Bunagana par le Rwanda ». Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de pourparlers entre Kinshasa et le M23, ou entre la RDC et le Rwanda, les choses se compliquent.
Lire : Nouvel attentat du M23 en RDC : Kagame dans le collimateur
Les Nations unies ont, elles, condamné les attaques du M23 contre des positions de la Monusco. Pour rappel, huit Casques bleus avaient été abattus fin mars. Et deux autres ont été tués la semaine dernière, mardi, par le M23 également.
Le Sénat des Etats-Unis a pour sa part condamné ce lundi « le soutien rwandais aux rebelles du M23 qui attaquent les civils, les casques bleus de l’ONU et les FARDC dans l’est de la RDC ». La commission des Affaires étrangères de la chambre parlementaire américaine a demandé à la communauté internationale d’« immédiatement enquêter et demander des comptes aux responsables ».