Le 4 mai est une date solennelle pour les amateurs de science-fiction : la journée « Star Wars » est célébrée par des dizaines de millions de fans partout dans le monde. Qu’en est-il en Afrique ?
« Star Wars », la saga de science-fiction créée par l’Américain George Lucas, avec ses nombreux films, bandes dessinées et produits dérivés, est un phénomène culturel qui a installé la science-fiction comme une catégorie majeure de la littérature et du cinéma depuis les années 1970. Tant et si bien que, sur fond d’un jeu de mot, la journée du 4 mai est devenue une date d’anthologie pour les amateurs de science-fiction partout dans le monde.
L’Afrique ne fait pas l’exception, avec des projections de la trilogie originale des films « Star Wars » dans les salles de cinéma de plusieurs pays africains — Afrique du Sud, Kenya, Egypte et Maroc notamment. Néanmoins, le genre de la science-fiction est beaucoup moins populaire en Afrique que dans le reste du monde. Même si, au niveau de la production, de nombreux cinéastes et dessinateurs africains ont connu beaucoup de succès avec leurs films et bandes dessinées.
Il n’empêche qu’à la consommation, la science-fiction peine à convaincre les publics africains. La faute, si l’on en croit le journaliste kenyan Michael Kaloki, à une disparité entre les grandes productions hollywoodiennes de science-fiction et « l’imaginaire africain ». Il manque peut-être un ingrédient pour que la science-fiction cartonne sur le continent : une touche de « mythologie africaine ».
Sentimentalisme et culture scientifique en Afrique
Mais les films « Star Wars » inspirent des sentiments variés auprès des Africains, fans de cet univers ou non. Il convient de rappeler que plusieurs parties des films de la saga — surtout ceux de la trilogie originale — ont été filmés en Afrique, plus particulièrement en Tunisie. Le pays nord-africain a été le cadre principal du tournage du premier film, et de nombreuses scènes de quatre autres films de la série y ont également été tournés.
A l’occasion de la journée « Star Wars », certains fans vont jusqu’à se déplacer par centaines sur les lieux du tournage, transformés en site touristique et conservés intacts pour le plus grand plaisir des amateurs de science-fiction.
Dans d’autres pays africains, de nombreux spectateurs affluent dans les salles de cinéma pour regarder les projections de ces films. Mais en Afrique du Sud, la situation est un peu particulière. Dans ce pays, la « culture scientifique », appelée notamment « afroptimisme » ou « afro-futurisme », suscite l’intérêt des jeunes, aujourd’hui encore, pour la science-fiction.
Lire : Le succès fulgurant de la science-fiction africaine
L’Afrique du Sud n’est pas seulement le pays le plus industrialisé d’Afrique, c’est également la terre la plus féconde en termes de recherche scientifique, et les sciences sont partie prenante de la culture sud-africaine. C’est d’ailleurs l’un des facteurs qui expliquent le progrès de la recherche scientifique, notamment dans l’intelligence artificielle, en Afrique du Sud.
Partout ailleurs sur le continent, là où la recherche scientifique est ancrée, la science-fiction attire les spectateurs. En Egypte, terre de cinéma au demeurant, mais aussi le pays africain qui investit le plus dans les sciences spatiales, le 4 mai est fêté par des milliers de fans.
Science-fiction et racisme, le revers de médaille
Mais il existe un revers, moins glorieux, à cet intérêt pour la science-fiction. En Occident, « Star Wars », et plus généralement le genre auquel la saga appartient, est au centre d’un débat interminable concernant le racisme. En effet, les références sci-fi seraient à l’origine de la montée du suprémacisme blanc, selon l’acteur et producteur nigérian John Boyega, qui joue le personnage Finn dans le plus récent épisode de la trilogie « Star Wars ». Le comédien a été victime de cyberharcèlement par des extrémistes qui estiment qu’un acteur noir n’a pas sa place dans ces films.
Un racisme qui prolifère sur les réseaux sociaux qui tend à faire oublier que, depuis la trilogie originale « Star Wars », le rôle du personnage le plus populaire de la série, Anakin Skywalker – Dark Vador – a été joué par l’éminent acteur et narrateur James Earl Jones.
#MotivationMonday A young James Earl Jones explains how children process racism and how it’s not natural to them but must be taught to them. pic.twitter.com/TfcHDngEXl
— Charles M. Blow (@CharlesMBlow) May 22, 2017
Selon l’actrice de la franchise, Kelly Marie Tran, qui a également souffert de cyberharcèlement et de menaces de la part de fans racistes, ces derniers « n’ont tout simplement pas l’imagination pour comprendre qu’il existe différents types de personnes vivant dans le monde ».
D’un autre côté, de telles polémiques expliquent les raisons du succès des quelques franchises sci-fi incorporant des castings plus diversifiés, à l’instar de « Star Trek » ou encore du film « Black Panther ».
tw: racism
A lot of popular media that feeds into the Western canon of sci-fi & fantasy have serious problems with casual racism…just as bad as the Star Wars fandom. pic.twitter.com/sAYoGZXLaG
— 🌱 Hą̄́p Hiiruką́ną́ 🌿 (@Qmoodo) February 12, 2022