Une dizaine de pays africains font baisser la moyenne continentale de vaccination contre la Covid-19. Plusieurs freins expliquent le manque d’injections dans certains États.
Depuis le mois d’août, la pandémie de Covid-19 a repris de plus belle. L’occasion, pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de faire le point sur la campagne de vaccination. L’institution sanitaire visait, pour la fin de l’année 2021, 20 % de la population africaine vaccinée. Mais l’objectif du début de pandémie avait été décalé de trois trimestres. Un cinquième des Africains auraient donc dû être vaccinés en septembre. Qu’en est-il vraiment ? Globalement, l’objectif est semble-t-il atteint : 18,5 % de la population africaine disposait d’une vaccination complète à la fin du mois juillet. Mais on est bien loin de la moyenne mondiale, estimée à plus de 60 %.
Et alors que l’OMS recommande que 70 % de la population soit entièrement vaccinée, certains pays font largement baisser la moyenne. Parmi eux, le Burundi n’a vacciné que 0,1 % de sa population. Si certains États sont habitués à être à la traîne — comme la République démocratique du Congo et ses 2,6 % de personnes vaccinées, ou encore le Cameroun (4,5 %), le Malawi et le Soudan —, d’autres ont été réticents au vaccin, à l’instar de Madagascar qui avait préféré miser sur sa propre boisson anti-Covid. L’île ne compte que 4,5 % de sa population entièrement vaccinée. Quant au Mali et au Burkina Faso, les coups d’État ont certainement ralenti le processus de vaccination.
Mais un autre cas surprend : celui du Sénégal. À peine 6,3 % de la population sénégalaise a en effet eu des injections de deux doses du vaccin anti-Covid-19. Le Sénégal est pourtant reconnu et félicité pour l’efficacité de ses politiques publiques en matière de prévention, que ce soit contre le VIH ou Ebola. Pourquoi un tel décalage lorsqu’il s’agit du vaccin contre la Covid-19 ? Alors qu’en Côte d’Ivoire, le taux de vaccination monte à 25 %.
Problème de logistique, d’information et de défiance
Un décalage d’autant plus surprenant que le Sénégal s’est rapidement positionné pour devenir un hub régional pour la production locale de vaccins. Mais la polémique sur les effets secondaires du vaccin d’AstraZeneca a rapidement amené les populations à être sceptiques. De nombreuses fake-news ont fait leur apparition et des rumeurs sur un complot occidental sont nées, mettant en cause toute la campagne de vaccination.
Mais il faut aussi se souvenir de la façon dont l’Afrique a été mise à l’écart des livraisons de vaccins. Ainsi, le Sénégal a, un moment, dû faire face à des retards de livraisons. Problème : même les vaccins livrés n’ont pas tous été utilisés malgré tout : pour l’Afrique, affirme l’OMS, 40 % des doses reçues à travers la région Afrique de l’organisation ont dû être jetées à la poubelle.
Méfiance populaire, mais aussi problèmes de logistique et de coordination sont au cœur des soucis du Sénégal qui a tenté d’informer ses citoyens.Mais en raison des problèmes d’acheminement et de ruptures dans la chaîne du froid, de nombreux vaccins ont dû être jetés.
Une ONG suisse estime enfin que l’Occident en a trop fait et point un souci d’« accès à l’information et la suspicion à l’égard de technologies médicales apportées par des Occidentaux et des hommes blancs, en raison d’une mémoire historique et de perceptions sur l’expérimentation sur des corps noirs ». Autant de problèmes qui freinent la vaccination sur tout le continent africain.