Alors qu’Elon Musk a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars, qu’est-ce que cela pourrait changer pour l’Afrique ? Le patron de SpaceX mise sur une liberté d’expression sans restrictions.
C’est la fin d’une époque, et le début d’une autre. Le Sud-Africain Elon Musk vient d’annoncer avoir racheté Twitter pour 44 milliards de dollars. Le réseau, créé par Jack Dorsey, change donc de mains après une année difficile en Afrique. En effet, en juin dernier, le réseau social avait eu un différend avec le Nigeria après avoir supprimé un tweet du président Buhari. Ce dernier avait alors suspendu Twitter dans son pays avant d’entamer des négociations avec la société américaine.
L’arrivée d’Elon Musk changera-t-elle la politique de Twitter ? Le nouveau propriétaire de la plateforme a en tout cas annoncé la couleur au moment du rachat : « La liberté d’expression est le socle d’une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où les sujets vitaux pour le futur de l’humanité sont débattus », a indiqué dans un communiqué Elon Musk.
Et du côté de la liberté d’expression, Twitter va devoir entamer sa révolution et faire oublier Jack Dorsey. Ce dernier avait des ambitions africaines, puisqu’il souhaitait développer Square Crypto, une initiative qui vise à renforcer l’écosystème bitcoin sur le continent africain, mais l’ex-patron de Twitter avait également fait preuve d’un « néocolonialisme » qui ne plaisait pas : Dorsey s’était en effet engagé politiquement contre plusieurs régimes en Afrique en soutenant le mouvement social nigérian #EndSars par exemple.
Plus de liberté, moins de bannissements ?
Qu’en sera-t-il d’Elon Musk ? En février dernier, le patron de SpaceX avait annoncé son intention de lancer Starlink, son service internet haut débit par satellite, en Afrique. Mais avec Twitter, la visée est certainement plus politique qu’économique, car le réseau social n’a jamais vraiment rapporté à ses fondateurs. Twitter « ne prospérera pas ni ne remplira sa mission sociétale — comprendre sa mission de liberté d’expression — dans sa forme actuelle », a indiqué dans un courrier Elon Musk début avril.
Mais dans les faits, Musk a-t-il vraiment une nouvelle mission d’intérêt général ? « Elon Musk a un projet politique derrière la tête. Il est à la tête d’entreprises technologiquement à la pointe de ce qu’on peut faire. (…) Dans le passé, Elon Musk a déjà démontré que la liberté d’expression avait ses limites dans sa conception », assure Olivier Lascar, auteur du livre « Enquête sur Elon Musk : L’homme qui défie la science ». Pour le journaliste, voir aujourd’hui Musk « prendre la position du défenseur de la liberté d’expression, ça paraît un peu excessif. On a l’impression que ce qu’il veut c’est la liberté de dire à peu près n’importe quoi ».
Si le rachat de Twitter servira donc forcément les intérêts d’Elon Musk, l’homme d’affaires pourrait être une bonne nouvelle pour de nombreux utilisateurs africains. Le réseau social a déjà censuré plusieurs régimes — ougandais et tanzanien notamment — et est régulièrement accusé de plaider pour telle ou telle cause. Or, selon plusieurs rumeurs persistantes, Musk pourrait autoriser tous les contenus sur Twitter et interdire les bannissements de comptes.