Plus de dix ans après le début de ses problèmes avec la justice, le Trésor américain a décidé, jeudi, d’imposer des sanctions contre le magnat belge de l’or, Alain Goetz. Une décision qui aura des conséquences surtout en République démocratique du Congo.
Dans un communiqué, publié jeudi dernier, le département du Trésor américain déclare avoir gelé tous les actifs des sociétés de l’homme d’affaires belge Alain Goetz. Ce dernier, qui avait fait fortune en République démocratique du Congo (RDC), avait déjà été jugé plusieurs fois pour trafic d’or et pour blanchiment d’argent en Belgique, entre autres.
Les sanctions du Trésor américain toucheront Alain Goetz et ses entreprises, notamment deux holdings belges, une holding basée aux Seychelles et cinq entreprises d’échange et de raffinement d’or basées aux Emirats arabes unis.
Tous les comptes bancaires et avoirs physiques et virtuels seront mis sous le contrôle du département du Trésor américain, qui a exhorté « qui de droit » à présenter « des demandes » quant à la récupération ou au dédommagement.
Dans un communiqué, Alain Goetz a déclaré que les sanctions américaines étaient « basées sur la désinformation ». Il met en évidence qu’il « n’était pas allé au Congo depuis plus de 20 ans » et que ses activités sont « toutes légales ».
Un nouveau ploutocrate qui tombe
Alain Goetz avait fait fortune dans les pays de la région des Grands Lacs, en particulier en RDC et en Ouganda. Mais également au Sud Soudan, en Tanzanie et au Kenya. Sa raffinerie African Gold Refinery (AGR) était la première en Afrique de l’Est.
Toutefois, entre 2011 et 2016, la justice belge avait enquêté notamment sur la provenance de sa fortune et a déterminé qu’au moins 9 millions d’euros des 1,2 milliard récoltés par AGR entre 2010 et 2011 étaient des gains illégaux. Si la Cour d’Anvers avait condamné Goetz et son frère en 2020 à 100 000 euros d’amende, aucun des deux n’a purgé les 18 mois de sursis dont ils ont écopé.
Alain Goetz n’a jamais été poursuivi en Afrique. Installé à Dubaï, le magnat belge semble hors d’atteinte. Seulement voilà, le blocage d’actifs américains — dont le montant n’a pas été spécifié — est un véritable coup dur, économiquement et diplomatiquement, pour l’homme d’affaires dont la fortune est estimée à plusieurs milliards de dollars.
Il sera désormais difficile pour Goetz de continuer à exploiter ses raffineries en Afrique car, comme l’ont montré les sanctions contre les Israéliens Beny Steinmetz et Dan Gertler ou contre les Français Didier Sabag et Gérard Araud, les décisions américaines sont généralement synonymes de fin de business en Afrique.
D’autant qu’au Congo, Alain Goetz était dans la ligne de mire des ONG à cause de son lien présumé avec les groupes armés de l’est, qui contrôlent plusieurs mines d’or. Avec des groupes de plus en plus asphyxiés militairement en RDC, la justice congolaise aura à son tour un rôle à jouer, en prenant ses responsabilités pour mettre fin au pillage des mines du pays.