Le président kényan Uhuru Kenyatta soutiendra son opposant historique, Raila Odinga, lors de la présidentielle prévue au mois d’août 2022.
« La personne à qui je remettrai le pouvoir, et vous le connaissez tous, et vous avez mentionné son nom, héritera d’une économie de 13 000 milliards de shillings (soit plus de 110 milliards de dollars, ndlr). Je ne peux pas prendre le risque de passer le relai à quelqu’un qui ne s’occupera pas de cette économie, et je le dis ici sans crainte. Je vais passer la main à cette personne, celle que vous connaissez tous ». Le président kényan, Uhuru Kenyatta, est déterminé à faire passer son successeur lors de la prochaine présidentielle.
Le scrutin, qui aura lieu en août prochain, s’annonce passionnant. Car cette personne que tout le monde connaît et que soutient Uhuru Kenyatta n’est autre que Raila Odinga, qui avait tenté de remporter les trois dernières présidentielles kenyanes de 2007, 2013 puis 2017, sans succès. L’opposant numéro 1 de Kenyatta a donc enfin ses chances d’accéder au pouvoir, adoubé par son adversaire d’autrefois.
Uhuru Kenyatta a annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle. Mais alors que son vice-président espérait prendre sa suite, William Ruto a finalement été désavoué, aussi bien par Kenyatta, qui estime que le vice-président est « incontrôlable », que par la formation politique au pouvoir, le Jubilee Party.
Au lieu d’un soutien à Ruto, le Jubilee Party a décidé de se joindre à la grande coalition Azimio, qui regroupe l’ex-parti au pouvoir, le Wiper Democratic Movement, et l’Orange Democratic Movement de Raila Odinga. Une décision poussée par Kenyatta, qui prône une « noble cause » qui doit permettre de « réunir le Kenya » sous une même bannière.
Bloquer la route à William Ruto
« Les nations ne progressent pas à cause des changements de présidents ou de partis politiques. Il faut un leadership, croire en notre pays, avoir une vision et faire preuve de courage pour prôner l’unité », a estimé le président kényan lors d’une réunions de… l’Orange Democratic Movement.
Uhuru Kenyatta reproche à son vice-président ses ambitions personnelles. « L’ambition doit être contrôlée », a-t-il indiqué aux membres de son parti au moment de faire le choix de rejoindre la nouvelle grande coalition. Depuis 2018, le président et son second semble irréconciliables. En août dernier, le vice-président kényan avait même été bloqué, à l’aéroport, par Kenyatta qui l’avait empêché de se rendre en Ouganda.
Alors que les relations se sont dégradées au fil des années entre les deux ex-alliés, Kenyatta a, en revanche, engagé un processus de paix avec Raila Odinga. L’objectif était alors de préserver la paix sociale au Kenya. Un accord avait alors, semble-t-il, été scellé entre les deux hommes. Jusque là, rien n’a filtré de cet accord mais, le 11 février, Kenyatta a donc publiquement déclaré son soutien à Odinga.
Reste désormais à savoir quel rôle jouera Kenyatta au sein du pouvoir dans les prochains mois. Kenyatta a incité de nombreux ministres de son gouvernement à rester en poste et à faire une croix sur leurs ambitions électorales en août prochain. Le président compte-t-il, ainsi, imposer un quota de ministres dans le futur gouvernement d’Odinga ?