La semaine dernière, le président nigérian Muhammadu Buhari a indiqué vouloir réguler les naissances, dans le but d’améliorer la situation économique de son pays.
Avec 211 millions d’habitants, selon l’ONG américaine Population Reference Bureau (PRB), et un taux de fécondité de 5,3 enfants par femme, le Nigéria a bien du mal à contrôler ses naissances. Pour une amélioration de « la qualité et du niveau de vie de tous les Nigérians », le président Muhammadu Buhari souhaite mettre en place une politique de contrôle des naissances.
Chercheur et auteur de l’ouvrage « La Démographie mondiale », Gilles Pison expliquait en 2015 à La Croix que « l’augmentation de la population ne constitue pas en tant que telle un frein à la croissance économique. De nombreux pays se sont développés à un moment où leur population augmentait. Mais tout dépend du rythme de croissance ».
Or, l’économie nigériane s’étant contractée de 1,8 % en 2020, la reprise a été annoncée par le Fonds monétaire international. Pour 2022, l’instance financière prévoit une croissance de 2,7 %. Une croissance positive mais moins forte qu’en 2021.
Pour remettre son économie sur de bons rails, le Nigéria a mis en place un plan de développement national 2021-2025. Problème : la démographie croissante et non contrôlée risque de mettre à mal ce plan. C’est dans ce contexte que Muhammadu Buhari a annoncé des mesures de régulation des naissances dans son pays.
La semaine dernière, le chef de l’Etat a appelé de ses vœux à la promotion des méthodes de contraception, dans un pays où le taux de femmes mariées utilisant les méthodes modernes de contraception ne dépasse pas les 12 %.
Des populations réfractaires à une limitation des naissances
Voilà plusieurs années que le Nigéria réfléchit à la meilleure manière de contrôler ses naissances. En 2018, la ministre des Finances du Nigéria avait affirmé que le gouvernement avait appelé les dirigeants traditionnels et les organisations religieuses à s’intéresser au problème de la croissance démographique, pour mettre en place « une politique qui limite le nombre d’enfants qu’une mère peut avoir parce que c’est important pour soutenir notre croissance ».
Une sortie qui avait provoqué un tollé. La ministre avait alors dû affirmer que le Nigéria ne limiterait « pas le nombre d’accouchements » des femmes du pays. Il faut dire que, trois décennies plus tôt, le président Ibrahim Babangida avait lui aussi tenter de limiter chaque couple à avoir quatre enfants au maximum. Cela était mal passé auprès des populations.
Pourtant, le constat est alarmant : selon les Nations unies, le Nigeria devrait voir sa population quasiment doubler d’ici à 2050, risquant d’atteindre les 400 millions d’habitants. Le pays sera alors, derrière la Chine et l’Inde, le troisième pays le plus peuplé de la planète.
Buhari estime qu’une politique de contrôle des naissance permettra de « répondre aux préoccupations de la grande population de jeunes qui sont notre fierté ». Ces mesures permettront « au Nigeria de maîtriser rapidement la fécondité, d’améliorer la santé des femmes, des adolescents, des nouveau-nés et des enfants, ainsi que d’autres groupes de population », affirme le président.
Outre la promotion des moyens de contraception, le président nigérian a lancé le Conseil national de gestion de la population (NCPM), qui sera en charge de travailler sur le programme quadriennal.