Après la Somalie et le Kenya, c’est aujourd’hui l’Ethiopie qui est au bord de la famine. Le dernier choc climatique menace des millions de personnes, qui dépendent de l’élevage et de l’agriculture pour leur survie.
Dans la vaste région éthiopienne Harargue, dans l’est du pays, la troisième saison des pluies consécutive est porteuse de plus de sécheresse. Un contexte menaçant pour toute la sous-région, où les régions agricoles en Somalie et au Kenya souffrent déjà d’une aridité qui se prolonge.
Lors de la dernière sécheresse en Ethiopie, il y a cinq ans, le gouvernement avait distribué de la nourriture et du fourrage pour le bétail. Mais aujourd’hui, alors que le nord du pays engloutit les rares réserves d’urgence en raison de la guerre du Tigré, les habitants de Harargue sont menacés, à leur tour, de famine.
Plus de 6 millions de personnes en Ethiopie auront besoin d’aide humanitaire d’urgence avant mi-mars, a annoncé mardi l’UNICEF. Dans la Somalie voisine, selon l’ONG MillSomali Consortium (MSC), 7 millions de personnes observent une famine imminente. Dans deux communiqués séparés, les ONG supplient les donateurs internationaux de contribuer à empêcher cette crise humanitaire.
« Cela pourrait être la pire sécheresse de la région en 40 ans », a déclaré le MSC. « Nous ne sommes qu’à un mois de la longue saison sèche, et j’ai déjà perdu 25 têtes de bétail », a déclaré à l’UNICEF un éleveur éthiopien. « Il n’y a pas de pâturage, pas assez de nourriture pour nos propres familles », déplore-t-il.
Severe drought in #Ethiopia’s lowland regions of Afar, Oromia, SNNPR and Somali regions is drying up water wells, killing livestock and crops and pushing hundreds of thousands of children and their families to the brink. pic.twitter.com/Zrob9GOEh2
— UNICEF Ethiopia (@UNICEFEthiopia) February 1, 2022
Les ONG demandent une intervention internationale urgente
L’UNICEF estime que plus de 150 000 enfants dans l’est éthiopien ont abandonné l’école depuis novembre, pour aider leurs familles à chercher l’eau et dans d’autres tâches. « Nous avons des animaux qui meurent à un rythme impressionnant, qui augmente chaque mois, et la mort d’animaux signifie un manque de nourriture pour les enfants, pour les familles », a déclaré Gianfranco Rotigliano, représentant de l’UNICEF en Ethiopie.
Il faudrait, selon le responsable onusien, réhabiliter les puits et acheminer l’eau vers les systèmes de santé et de nutrition, en urgence. Sans oublier les aides humanitaires, nécessaires pour empêcher les morts de faim dans la région aride.
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Pour Rotigliano, ce problème est complètement dissocié du conflit du Tigré, dans le nord de l’Ethiopie. « Notre réponse [l’UNICEF, ndlr], a continué en Ethiopie, dans les régions frappées par la sécheresse dans le sud-est », expliquait-il ce mardi.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), des solutions durables seraient programmées. Néanmoins, l’action internationale a pour but d’empêcher une catastrophe humanitaire. La FAO rappelle que l’intervention des ONG a sauvé plus d’un million de personnes en 2017.
« Il est temps d’investir davantage dans la lutte contre les facteurs de la faim et de renforcer la capacité des gens à continuer de produire même lorsqu’ils sont frappés par des chocs comme la sécheresse, afin que les chocs inévitables ne se transforment pas inévitablement en crises humanitaires », a déclaré le directeur du Bureau des urgences de la FAO, Rein Paulsen, ce lundi.