A l’approche de la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun, les retards pris dans la préparation inquiètent. La CAF affirme que « des dispositions sont d’ores et déjà prises » pour tenir le match d’ouverture ailleurs.
C’était il y a à peine quelques jours. Le secrétaire général de la Confédération africaine de football (CAF), Véron Mosengo-Omba, tançait le Cameroun. « Je suis navré de constater que malgré les nombreuses visites, notamment celle du président et du secrétaire général de la CAF et du vice-président de la CAF. Les actes n’ont pas suivi les promesses », écrivait-il dans un courrier.
En cause, notamment, le stade d’Olembe qui n’était pas prêt, selon la CAF, à accueillir le match d’ouverture de la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui aura lieu le 9 janvier 2022. « Sachez que si tout n’est pas réglé d’ici au 30 novembre 2021, le match d’ouverture aura lieu ailleurs. Des dispositions sont d’ores et déjà prises dans ce sens », menaçait Véron Mosengo-Omba.
Entre la CAF et les instantes dirigeants du football camerounais, la bataille s’est déroulée par médias interposés. Du côté de Yaoundé, on assure qu’« aucune menace » ne pèse sur la CAN au Cameroun. Outre l’état d’avancement des infrastructures, des critiques concernant l’état des pelouses ou la politique sanitaire ont également été faites.
L’ultimatum du 30 novembre passé, le dossier ne semble pas avoir progressé. Et le Cameroun n’hésite pas à se trouver des excuses. Le ministre camerounais des Sports et président du Comité d’organisation de la CAN (COCAN), Narcisse Mouelle Kombi, affirme que la non-livraison du stade d’Olembe ne relève pas d’un « rendez-vous manqué » mais plutôt d’une « démarche de cohérence, de pertinence, sur le plan factuel et sur le plan juridique ».
Le Cameroun assure être prêt
Si, selon des sources du Journal de l’Afrique, du côté du COCAN, on est optimiste quant au succès de la compétition, des doutes subsistent du côté de la CAF : le Cameroun sera-t-il véritablement capable d’accueillir la CAN avec une organisation digne de ce nom ? Et surtout, quelles sont les « dispositions », avancée par le secrétaire général de la CAF, qui auraient été « d’ores et déjà prises » pour délocaliser le match d’ouverture ? A en croire la lettre de Véron Mosengo-Omba, la CAF penserait sérieusement à cette option.
Une option dont Narcisse Mouelle Kombi, le ministre camerounais des Sports, ne veut entendre parler « en aucun cas ». Selon lui, « l’hypothèse de la délocalisation de la cérémonie d’ouverture n’est envisagée, et ne peut être acceptée par le gouvernement camerounais. Celui-ci ayant pris toutes les dispositions utiles et nécessaires, sur très hautes instructions de Monsieur le Président de la République, pour que ce stade, qui a déjà accueilli son premier match le 3 septembre dernier, soit dans un état complet de disponibilité et de fonctionnalité en vue de l’organisation de la CAN ».
CAF are concerned that Cameroon is not ready to host the AFCON.
Not sure if it will be moved to one of the neutral venues known to CAF; Qatar and Morocco. pic.twitter.com/F7LCR6OdKS— Daniel N Wahome (@MistaWahome) November 24, 2021
La FIFA veut-elle délocaliser la CAN ?
Cette possible délocalisation du match d’ouverture est plus importante qu’il n’y paraît. En effet, difficile d’imaginer que la première rencontre se déroule dans un pays pour que la suite de la compétition se poursuive au Cameroun.
Depuis plusieurs semaines, le nom du Maroc ressort régulièrement. Les médias estiment que le royaume pourrait être une solution de repli pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations. « Impossible », rétorque un proche du palais royal, qui assure que le Maroc n’espère en aucun cas remplacer le Cameroun au pied levé.
De son côté, la FIFA se verrait bien délocaliser la Coupe d’Afrique des nations dans un pays bien loin du continent : le Qatar. Tout d’abord, pour des questions financières. Ensuite, parce que le petit émirat se prépare à accueillir la Coupe du monde de football dans un an, et une CAN serait un bon exercice pour tester les installations du Qatar.
Un Qatar qui lorgne d’ailleurs sur le football africain depuis bien longtemps. Le pays a déjà accueilli quatre éditions successives de la Supercoupe de la CAF. L’émirat du Moyen-Orient a besoin de se refaire une image positive sur le continent, et accueillir la CAN serait forcément un plus.
Mais le Cameroun n’a pas dit son dernier mot et compte bien entamer des discussions houleuses avec le président de la CAF Patrice Motsepe et, par ricochets, avec Gianni Infantino, le patron de la FIFA. Pour sa défense, le Cameroun, qui va redire qu’il est dangereux de modifier les plans à quelques semaines du tournoi, a déjà une option à proposer aux instances du football, au cas où le stade d’Olembe ne serait pas prêt : selon nos informations, le comité d’organisation pourrait proposer à la CAF de délocaliser certains matches de poule à Yaoundé, à Japoma et à Bepanda.