Poussé par la FIFA de Gianni Infantino, le président de la CAF Patrice Motsepe lance le projet de formation d’arbitres « Star Project ». Mais la question de la corruption des arbitres, elle, n’est toujours pas réglée…
La mise sous la tutelle de la Confédération africaine de football (CAF) par la FIFA se poursuit. Après l’accord donné par les membres de la CAF à propos d’une « superligue », le président de l’instance dirigeante du football africain Patrice Motsepe vient de répondre à une nouvelle exigence de la FIFA.
En marge de l’Assemblée générale extraordinaire de la CAF, qui s’est conclue le 26 novembre dernier au Caire, un protocole d’accord a été signé entre la FIFA et la CAF. Celui-ci concerne « la formation d’arbitres africains de classe mondiale », et a été présenté par le président de la Commission des arbitres de la FIFA, Pierluigi Collina. Baptisé « Star Project », ce projet ressemble à s’y méprendre à deux initiatives similaires entreprises par les anciens présidents de la CAF, Ahmad Ahmad et son prédécesseur Issa Hayatou.
Si les expériences passées de groupement de la formation des meilleurs arbitres d’Afrique nous ont appris une chose, c’est qu’elles n’ont été qu’un moyen d’octroyer des pouvoirs plus larges aux présidents de la CAF. Or, la CAF oublie habilement de s’attaquer à des scandales de corruption d’arbitres qui ont émaillé les compétitions africaines.
Scandales et suspensions
Le phénomène n’est pas nouveau. Mais en 2010, l’arbitrage de la finale de la Ligue des Champions avait été fustigé par la Fédération tunisienne de football (FTF), qui avait crié à la corruption. La fin d’une omerta qui a débouché sur des décisions fortes. Mais la CAF ne s’est jamais sérieusement penchée ce phénomène, ne répondant que par des suspensions suite à des accusations lancées par les médias.
Ainsi, en 2018, la CAF avait annoncé la suspension de plusieurs arbitres ghanéens pour des faits de « corruption ». Des arbitres avaient été piégés par un journaliste d’investigation, acceptant de l’argent pour favoriser certaines équipes dans plusieurs grands championnats africains. Le jury disciplinaire de la CAF avait alors décidé de suspendre les arbitres.
Mais que ce soit sous les présidences d’Issa Hayatou ou d’Ahmad Ahmad, les instances dirigeants du football africain n’ont jamais lancé d’enquête : à l’exception du documentaire ghanéen, aucune preuve n’a permis d’étayer des accusations de corruption d’arbitres ces dernières années. Il faut dire que les dirigeants de la CAF étaient sans doute trop préoccupés par leurs propres affaires, tous accusés tour à tour de corruption et d’abus de pouvoir.
Quant aux lanceurs d’alerte, ils risquent gros. Mounir Bitam, un arbitre assistant algérien, avait dénoncé les manœuvres et pressions exercées sur les arbitres, accusant directement Mahfoudh Kerbadj, président de la Fédération algérienne de football. Cette dernière avait décidé de le suspendre.
Plus récemment, en marge des éliminatoires de la Coupe du Monde, l’arbitre sénégalais Maguette N’Diaye a été suspendu, après des accusations de corruption émanant de la Fédération sud-africaine suite au match contre le Ghana. Un match lors duquel le Ghana a gagné grâce à un pénalty inexistant sifflé par l’arbitre.
Les exemples de scandales arbitraux sont nombreux. En lançant des formations d’arbitres, la CAF oublie de s’intéresser aux racines du mal : la corruption.