Quarante-six ans après sa mort, Joséphine Baker a rejoint les grandes personnalités françaises au Panthéon. Dans les années 1940, l’artiste s’était engagée en Afrique du Nord dans les services secrets français.
Le 24 novembre 1940, alors que se déroule la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker s’engage dans les services secrets. Elle débute alors ce qu’Emmanuel Macron, hier, a défini comme « un combat pour la France libre, sans calcul, sans quête de gloire, dévoué à nos idéaux ». Alors âgée de 34 ans, l’artiste de music-hall connaît déjà l’Afrique du Nord pour y avoir séjourné. En décembre 1931, la jeune femme était en effet arrivée à Alger, cette fois pour des représentations.
Mais dix ans plus tard, Joséphine Baker est autant une artiste qu’une « honorable correspondante » du contre-espionnage français, sous la houlette du commandant Abtey. La guerre avec les Allemands s’est également jouée en Afrique du Nord. L’Algérie, pas encore indépendante, est en 1941 aux mains de la France occupée, celle de Vichy.
Mais très vite, Joséphine Baker traversera la frontière pour le Maroc. Protégée par Si Ahmed Belbachir Haskouri, chef du cabinet khalifien du Maroc espagnol, Joséphine Baker va informer les services de renseignement français de son lit d’hôpital. En effet, à son arriver à Casablanca, elle doit être opérée de l’utérus après une fausse couche.
Entre 1941 et 1944, elle restera au Maroc. Un peu plus tôt, entre 1939 et 1940, l’artiste parcourait les salles de concerts, pour s’y produire mais également pour recueillir des informations pour le compte du contre-espionnage.
Farouchement opposée aux Allemands, Joséphine Baker établit, en janvier 1941 au Maroc, un centre de liaison et de transmission pour le compte de la Résistance. Marquée par son séjour à l’hôpital la même année, elle continue de travailler pour la France libre, en rencontrant des diplomates américains, des résistants français ou encore des dirigeants marocains.
Un an plus tard, en pleine opération Torch, qui symbolise l’arrivée des Américains sur place, le contre-espionnage s’arrête pour Joséphine Baker. Mais la jeune femme est toujours engagée et décide de traverser l’Afrique du Nord, du Maroc au Caire, en Jeep aux côtés des troupes américaines. Puis elle se rend au Moyen-Orient, à Jérusalem, Beyrouth ou encore Damas. Elle continue d’amasser des informations auprès des personnalités officielles qu’elle rencontre au gré de ses spectacles.
Le 8 mai 1945, alors que la France s’est débarrassée des Nazis, elle quitte l’Afrique du Nord pour l’Europe. C’est en Allemagne qu’elle chantera pour les prisonniers et les déportés libérés. En lui donnant une place au Panthéon, la France rend hommage à une artiste de talent, mais surtout à une femme de courage qui a lutté, à sa façon, pour la Résistance.
Alors qu’elle adoptera douze enfants, Joséphine Baker choisira, en 1964, une petite fille née au Maroc. Comme pour boucler la boucle de son périple nord-africain.