La Sierra Leone n’appliquera plus la peine capitale. Une quinzaine de pays africains l’appliquent encore, tandis que d’autres n’ont plus exécuté de détenus depuis de nombreuses années.
La dernière exécution d’un détenu en Sierra Leone remonte à octobre 1998. Pourtant, la peine capitale n’avait pas été abolie avant la semaine dernière. Trahison, meurtre, vol aggravé… Les raisons d’appliquer la peine de mort dans ce pays étaient nombreuses, même si le Tribunal spécial pour la Sierra Leone avait fini par l’abolir pour les crimes de guerre. Vendredi dernier, le président Julius Maada Bio, qui enchaîne les réformes modernistes et qui a notamment, récemment, annoncé vouloir promulguer une loi sur l’égalité hommes-femmes, a mis fin à la peine de mort.
Fin juillet, le parlement sierra-léonais avait déjà discuté de l’abolition de la peine capitale et voté pour. La promulgation par Julius Maada Bio est cependant un acte symbolique : « En abolissant la peine de mort, nous affirmons aujourd’hui notre foi dans le caractère sacré de la vie, indique le président. Nous exorcisons en tant que nation les horreurs d’un passé cruel ». La peine de mort pour les crimes autrefois concernés sera remplacée par la prison à plus de trente ans, voire à perpétuité.
15 pays africains toujours adeptes de la peine de mort
En 1998, plusieurs militaires qui avaient tenté de fomenter un coup d’Etat un an plus tôt avaient emprunté le couloir de la mort. La décision sierra-léonaise « renforce le respect de la dignité humaine dans le pays et reflète la tendance croissante en Afrique et dans le monde à reléguer la peine capitale aux livres d’histoire », a estimé la représentante de la Commission européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Nabila Massrali.
Parmi les pays qui n’appliquent plus la peine de mort mais qui ne l’ont pas abolie, on retrouve quinze Etats africains : la Tunisie, l’Algérie, le Cameroun, l’Érythrée, l’Eswatini, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, la Tanzanie, la Zambie et la République centrafricaine. Le Liberia est le dernier à avoir exécuté un détenu, en 2000. Le pays avait adhéré au deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, en vue d’abolir la peine de mort, avant de faire machine arrière en 2008.
Le Cap-Vert, premier pays africain à abolir la peine capitale
Avant la Sierra Leone, en 2021, le Malawi a lui aussi décidé d’abolir la peine capitale. L’an dernier, le Tchad avait franchi le cap, après avoir aboli une première fois la peine de mort en 2014 avant de la réintroduire dans ses textes. Une bonne vingtaine de pays africains ont également décidé de mettre fin à la peine capitale. C’est le Cap-Vert qui, en 1981, avait ouvert la voie au continent.
Quant aux quinze pays appliquant encore la peine capitale, on retrouve des habitués des pendaisons et des pelotons d’exécution, comme l’Egypte qui a encore exécuté six prévenus en juin dernier. Le Soudan, le Botswana et la Somalie ont également mis à mort des détenus cette année. La Gambie, elle, discute actuellement d’une éventuelle abolition de la peine capitale, depuis 2018, ainsi que la mise en place d’un moratoire sur ce sujet. En 2019, 22 condamnations à mort avaient été commuées en réclusion à perpétuité.