Ce mardi, le président guinéen de la transition Mamadi Doumbouya a écarté plus de quarante militaires pour placer ses propres hommes à des postes clés.
Il sait mieux que quiconque que l’armée peut très vite renverser un pouvoir en place. Le putschiste guinéen Mamadi Doumbouya veut désormais éviter d’être à son tour victime d’un coup d’Etat, un peu plus d’un mois après avoir renversé Alpha Condé. Désormais président de la transition, le lieutenant-colonel des forces spéciales guinéennes a pris les devants et envoyé à la retraite une quarantaine d’officiers généraux, comme il l’avait annoncé au moment de prendre le pouvoir. Un ménage qui devrait lui assurer une transition plus sereine.
Car parmi les militaires ciblés par Mamadi Doumbouya, on retrouve essentiellement des anciens proches du président déchu Alpha Condé. Mardi dernier, le lieutenant-colonel a annoncé publiquement la mise aux arrêts de militaires dont certains bien connus du grand public. C’est le cas de Sékouba Konaté. Devenu ministre de la Défense après le coup d’Etat de décembre 2008, celui-ci avait été le président de la transition par intérim en 2010.
Outre Konaté, Mamadi Doumbouya a écarté le chef d’état-major général des armées, Namory Traoré, qui a été remplacé par le bras droit du président de la transition, le colonel Sadiba Koulibaly. Plusieurs autres généraux paient également les pots cassés de leur alliance avec Alpha Condé, comme Ibrahima Baldé, le directeur de la justice militaire, ou encore les anciens ministres de l’Administration du territoire et de la Santé.
Se concentrer sur les affaires intérieures
Lors de sa prise de pouvoirs, Mamadi Doumbouya avait déjà dissous l’Assemblée nationale et les différentes institutions d’Alpha Condé. Ce nouveau coup de balai vient le rendre un peu plus intouchable, alors qu’un Premier ministre, Mohamed Béavogui, a été nommé il y a quelques jours pour former un gouvernement de transition. Une purge qui doit conforter Doumbouya et le rendre incontournable pendant toute la période de transition.
Car au-delà des mises forcées à la retraite, Mamadi Doumbouya a consolidé sa base en plaçant ses hommes aux postes clés, notamment à ceux de gouverneurs dans les différentes régions de Guinée. Plus de la moitié des personnalités écartées par le lieutenant-colonel ont trouvé une place au sein du Conseil supérieur de la défense nationale (CSDN), qui travaille sur les questions de défense et de sécurité. Des désignations plus honorifiques qu’autre chose, qui permettent de ne pas vexer les militaires mis au repos.
Si Mamadi Doumbouya s’assure une certaine tranquillité, ce grand ménage ne risque-t-il pas de fragiliser la Guinée ? Les forces guinéennes sont présentes dans plusieurs pays et tentent de lutter contre les terroristes dans la région. Or, désormais, Doumbouya se concentre sur la gestion politique de la Guinée, et a besoin d’hommes de confiance pour l’entourer.