Le groupe pharmaceutique algérien Saidal est le premier producteur africain du vaccin CoronaVac, du groupe chinois Sinovac. L’Algérie poursuit également ses discussions pour produire le vaccin russe Spoutnik V.
L’Algérie affiche ses ambitions : devenir un exportateur de vaccins anti-Covid vers les autres pays d’Afrique. Ce mercredi débutera la production du CoronaVac, le vaccin du laboratoire chinois Sinovac. L’usine du groupe pharmaceutique public Saidal, basée à Constantine, sera la première à entrer en production. Le ministre algérien de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, vient de dévoiler la stratégie vaccinale d’Alger.
Saidal est le seul groupe africain à avoir obtenu la licence CoronoVac. Le vaccin de Sinovac est le plus utilisé en Algérie, pendant la campagne de vaccination anti-Covid, a précisé le ministre. En lançant la production du CoronoVac sur son territoire, l’Algérie s’est fixée deux objectifs : satisfaire la demande locale en vaccins contre la Covid-19 mais également exporter vers l’Afrique.
Le continent présente le plus faible taux de vaccination dans le monde. Le 25 septembre, selon les données du site OurWorldinData, 6,4 % de la population africaine a reçu une première dose de vaccin anti-Covid, contre 50 % pour l’Asie et près de 60 % pour l’Europe et l’Amérique. « C’est une substitution à l’importation et une projection vers l’exportation », a résumé Benbahmed.
L’Algérie a pour ambition de produire 65 millions de vaccins avant la fin de l’année 2022, pour répondre aux besoins nationaux. Mais le pays nord-africain lance aussi l’initiative « AfricaVac ». L’Algérie cherchera ainsi à envoyer des doses dans plusieurs pays africains. Le ministre a indiqué que l’Algérie pourra, à terme, fabriquer 320 000 doses de Sinovac par jour, uniquement en s’appuyant sur l’usine de Constantine.
Des délais records
L’annonce du ministre algérien a clairement attiré l’attention de l’Union africaine (UA). Une délégation de membres du Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (CDC) se rendra à Alger du 13 au 18 octobre prochains. « Cette agence dispose de moyens considérables pour acheter le vaccin algérien », affirme Benbahmed. Or, le CDC a été déçu par les promesses non tenues de plusieurs laboratoires, notamment en Inde.
Selon la directrice de la production, d’exportation et de recherche du ministère de l’Industrie pharmaceutique, Nadia Bouabdallah, l’usine de Constantine sera une véritable machine : « Sinovac a été agréablement surpris par la maîtrise du processus de fabrication par Saidal et ses capacités de production ».
Pour rappel, Sinovac a noué des contacts avec l’Egypte et le Sénégal pour des projets similaires. Mais Alger a pris tout le monde de cours. Il faut dire que les autorités algériennes avaient tout mis en œuvre pour préparer l’usine Saidal de Constantine à la fabrication de Spoutnik V. L’Algérie dispose également d’un laboratoire, directement relié à l’usine, qui est déjà équipé pour produire les matériaux nécessaires à la production du vaccin, grâce notamment aux accords avec la Russie.
Si la production débute demain, il ne faudra que trois mois à Saidal pour effectuer la validation des vaccins pour le marché international. Une fois les « lots de validation » validés, Saidal obtiendra le quitus pour la mise sur le marché. Une bonne nouvelle pour l’Algérie, mais également pour l’Afrique.
Après Sinovac, Spoutnik V
Concernant le projet de production du vaccin russe Spoutnik V en Algérie, le ministre de l’Industrie pharmaceutique Benbahmed a assuré que les négociations sont « toujours en cours » avec la partie russe, assurant que « le projet n’est pas abandonné ». Nadia Bouabdallah a aussi rappelé que le partenariat entre la Russie et l’Algérie dans le secteur pharmaceutique ne s’arrêtait pas aux vaccins contre la Covid-19. « Notre coopération avec la Russie continuera et se développera sur le vaccin et sur d’autres produits, dont l’oncologie, avec Saidal. Des projets concrets sont en train de se mettre en place », affirme le ministre.
En effet, le partenariat entre Saidal et le laboratoire russe Gamaleïa, développeur de Spoutnik V, date de plusieurs mois déjà. La production du vaccin est prévue à court terme, même si celle-ci a pris un léger retard. Mais l’amitié entre les Etats russe et algérien est solide.
Un souci se présente toutefois : le vaccin CoronaVac, comme Spoutnik V, n’est pas homologué par l’Agence européenne de médicament (EMA) et ne convient donc pas aux exigences des divers « passeports vaccinaux » européens. La responsable de production, Nadia Bouabdhallah, assure cependant que CoronaVac sera sans doute homologué « pour des considérations touristiques et politiques imposant son acceptation ».