Alors que Tidjane Thiam est annoncé candidat à la présidentielle ivoirienne de 2025, Jean-Louis Billon a d’ores et déjà affirmé qu’il briguait le poste de président de la République.
Alassane Ouattara est réélu depuis moins d’un an mais, déjà, nombreux sont ceux qui convoitent son poste. Avec un Henri Konan Bédié qui a lâché ses dernières forces dans la bataille de 2020 et un Laurent Gbagbo qui semble se poser en chef de file rassembleur plutôt qu’en candidat — d’autant qu’il n’a pas été gracié pour le « braquage de la BCEAO » —, plusieurs hommes politiques lorgnent déjà sur le fauteuil de président.
Et déjà, des noms commencent à sortir. Il faut dire que personne, aujourd’hui, ne sait si Alassane Ouattara, décrié après avoir brigué un troisième mandat jugé illégal, ira au bout de son mandat. Et il s’agit donc d’être prêt en cas d’élection présidentielle anticipée, même s’il n’est pour le moment pas du tout question de cela. La dernière campagne a laissé des traces, aussi bien du côté du Front populaire ivoirien (FPI), aujourd’hui disloqué, que du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui ne s’est pas renouvelé et a laissé le « vieux » Henri Konan Bédié bien seul en octobre dernier. Tous ont boycotté la campagne mais, dans les intentions de vote, « HKB » et Pascal Affi Nguessan étaient de toute façon tous deux annoncés perdants.
Thiam garde un œil sur la Côte d’Ivoire
La classe politique ivoirienne doit donc se renouveler. En coulisse, un nom ressort régulièrement : celui de Tidjane Thiam. Lors de la dernière élection présidentielle, il a un temps pensé à se présenter, notamment poussé par ses proches et plus particulièrement par sa sœur. Problème : l’ex-ministre du Plan et du Développement de « HKB » n’a pas mis les pieds en Côte d’Ivoire depuis plus de deux décennies. De plus, s’il dispose de réseaux puissants, Thiam n’a aujourd’hui derrière lui aucune machine. Or, dans un pays comme la Côte d’Ivoire, impossible de se passer d’un parti historique ni d’une base militante solide. C’est sans doute ce qui a refroidi les ardeurs du Franco-Ivoirien en 2020 : malgré son aura, s’opposer aux candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), du PDCI-RDA et du FPI aurait été un suicide politique.
En attendant que l’ex-banquier affirme officiellement son intention de briguer le poste de président, c’est l’homme d’affaires Jean-Louis Billon qui vient d’annoncer qu’il se présenterait en 2025, prenant tout le monde de court. Interrogé par La Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), le membre du bureau politique du PDCI-RDA s’est dit favorable à une limitation de l’âge pour se présenter à la magistrature suprême. Mais il a également fait part de ses ambitions politiques.
« Je serai candidat en 2025 », a affirmé Jean-Louis Billon, assurant d’ores et déjà que Bédié « ne sera pas candidat » lors de la prochaine présidentielle. « En 2025, c’est une nouvelle génération qui va arriver. Il est temps que cette nouvelle génération prenne ses responsabilités », insiste l’homme d’affaires qui avait des ambitions présidentielles en 2020 mais qui a été obligé de se plier aux exigences de Henri Konan Bédié. Si Jean-Louis Billon prédit le retour du PDCI-RDA aux affaires, le parti devra, ces quatre prochaines années, se renouveler et rajeunir ses cadres. Billon devra également se faire des alliés au sein d’une formation politique qui, sans « HKB » en chef de file naturel, pourrait bien se déliter.
Billon doit se forger une stature de présidentiable
Que cherche Jean-Louis Billon en annonçant dès aujourd’hui sa candidature pour 2025 ? La presse ivoirienne y voit une façon de « congédier Bédié ». Mais l’homme d’affaires espère avant tout couper l’herbe sous le pied de Tidjane Thiam. Ce n’est un secret pour personne : l’ancien banquier et ministre a régulièrement discuté avec le Sphinx de Daoukro en 2020. « HKB » voit en lui son potentiel dauphin. Mais au sein du PDCI-RDA, cette possible passation de pouvoirs ne fait pas l’unanimité : Thiam ne connaît pas vraiment le fonctionnement interne du parti créé par Félix Houphouët-Boigny et s’est tenu éloigné de la Côte d’Ivoire trop longtemps. Billon, lui, bénéficie d’une bonne cote de popularité et a longtemps fait figure de numéro 2 du parti, malgré le dévouement inconditionnel de la base du PDCI-RDA pour « HKB » en 2020.
Malgré tout, Jean-Louis Billon doit aujourd’hui se refaire une image. Celle d’un leader : il a longtemps avancé dans l’ombre de Bédié et ne s’est jamais vraiment imposé en chef de file, attendant passivement d’être désigné dauphin par le chef de parti. De plus, lors des événements d’octobre 2020, les militants du PDCI-RDA se sont sentis abandonnés, voire pour certains trahis, Billon n’ayant pas pris la parole pour dénoncer les arrestations arbitraires du clan Ouattara ou pour s’opposer au troisième mandat du président sortant. Enfin, l’homme d’affaires est également jugé trop consensuel : ministre sous Alassane Ouattara, Jean-Louis Billon a toujours fait le pont entre le RHDP et le PDCI-RDA, et dispose également d’un bon réseau au sein du FPI. Il lui reste quatre années pour se forger une stature de présidentiable. En annonçant clairement sa candidature, il ne pourra, cette fois, plus se dérober.