Au lendemain de la visite officielle de l’ONU en Guinée, Mamady Doumbouya lance ce mardi quatre jours de concertations nationales entre le CNRD et les acteurs politiques et sociaux du pays.
Le programme est chargé. Dès 10 heures, ce mardi 14 septembre, en Guinée, débutent les concertations nationales organisées par le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) à la suite du coup d’Etat du dimanche 5 septembre. Au palais présidentiel de Conakry, le chef des putschistes, Mamady Doumbouya, accueillera les représentants des partis politiques sur invitation ouverte. Dans la soirée, ce sera au tour des gouverneurs régionaux et des chefs religieux de discuter de l’avenir de la Guinée. Puis, Mercredi, le CNRD rencontrera les diplomates et les délégués de la diaspora guinéenne. Enfin, jeudi, les mandataires des entreprises minières et des organisations patronales se réuniront à Kaloum, avant que les institutions bancaires et les syndicats ne fassent de même vendredi prochain.
L’ONU apporte un soutien mesuré
Un programme intense, donc, pour ces concertations nationales, qui interviennent au lendemain de la visite du médiateur des Nations unies Mohamed Saleh Annadif. Ce dernier a appelé à un retour des civils au pouvoir dans un délai « raisonnable ». L’ancien chef de la MINUSMA et de la MINUSCA a eu un discours plutôt complaisant. « Nous sommes en concertation avec la Cedeao et, jusque-là, nous avons dit que nous voulions une durée raisonnable, mais la durée raisonnable dépend des Guinéens eux-mêmes », a déclaré ce lundi l’envoyé de l’ONU en Guinée. Avant de poursuivre : « Nous leur avons passé un message simple, pour dire simplement que nous voulons les écouter. Qu’est-ce qu’ils pensent de l’avenir de leur pays ? Quelle transition ils veulent pour leur pays ? »
On est donc loin des menaces et des condamnations habituelles de la part de l’ONU, comme au Tchad, au Mali ou en Libye. Les Nations unies veulent « accompagner » le CNRD et les Guinéens « pour que la Guinée sorte de cette situation ». Et bien que le représentant de l’ONU ait rendu visite au président déchu Alpha Condé, il n’a pas redemandé sa libération. L’ONU fait donc, pour une fois, preuve de souplesse et semble soutenir, plus que la Cedeao ou l’Union africaine, le putsch guinéen.
Le RPG de Condé donne son accord
En ce qui concerne cette première journée de pourparlers, c’est la liste des invités qui sera scrutée. Car l’opposition se cherche aujourd’hui un homme providentiel. Parmi les présents, on retrouvera le parti du président déchu Alpha Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), qui a décidé de répondre présent à l’invitation de Doumbouya. « Après concertation avec toutes les structures basées à l’intérieur du pays jusqu’à Conakry, toutes les structures sont d’accord pour que le parti soit représenté à cette concertation. La réunion s’est tenue et nous avons donc validé la décision de la base », a annoncé le secrétaire administratif du RPG, Lansana Komara.
Le responsable du parti s’est aussi exprimé sur le sort d’Alpha Condé. Selon Komara, la proposition de la Cedeao de faire sortir l’ancien président de la Guinée « dépendra du ‘professeur’ lui-même ». Le RPG cherche, avant tout, la « libération et le respect de l’intégrité physique » de son leader. Mais le parti semble aujourd’hui avoir fait le deuil d’Alpha Condé.
Quant aux partis d’opposition, tous devraient participer à la réunion de ce mardi, de l’UFR de Sidya Touré à l’UFDG de Cellou Dalein Diallo. L’ancien Premier ministre Kabiné Komara est lui aussi attendu. L’ex-Premier ministre de la transition a-t-il la stature pour reprendre du service ? En tout cas, il s’est lancé dans une série de voyages très diplomatiques, en allant rendre visite au pape François, puis aux dirigeants de l’Afreximbank. Kabiné Komara pourrait être l’homme de la situation et être l’interlocuteur idéal des institutions financières. Car la transition s’annonce coûteuse pour la Guinée.
Il sera difficile cependant de régler le sort du pays en une demi-journée seulement. Mais la rencontre entre Doumbouya et les acteurs politiques ressemble à une prise de contacts, autant qu’à une opération de charme. Cependant, l’inclusion du RPG aux discussions montre que la junte guinéenne est consciente de la difficulté de gouverner le pays avec 500 soldats. S’il veut que la transition se déroule dans de bonnes conditions, Doumbouya devra compter sur les acteurs politiques.