L’ancien champion de lutte sénégalaise, Mbaye Guèye, est décédé à l’âge de 75 ans. Le « premier Tigre de Fass » était une légende de la lutte traditionnelle et l’un des sportifs les plus populaires au Sénégal.
Les fans de lutte traditionnelle au Sénégal, un sport extrêmement populaire dans le pays, sont en deuil. Le champion de cette discipline, Mbaye Guèye, s’était éteint ce week-end à l’âge de 75 ans. Enterré samedi après-midi à la ville sainte de Touba, il a reçu les honneurs et les hommages de toutes parts.
Au domicile du ¡ premier Tigre de Fass », dans le quartier populaire du même nom, les figures du sport, de la politique et de la chefferie traditionnelle, mais aussi sa famille, ses amis et les chefs religieux ont afflué. Le chef de l’écurie de lutteurs de Mbao, Khalifa Niang, a rappelé que « Mbaye Guèye symbolisait la témérité et la technicité de la lutte, car il n’était pas grand de taille, mais il arrivait toujours à terrasser ses adversaires ».
Sur son compte Twitter, le président du Sénégal Macky Sall a rendu « hommage à un valeureux sportif qui, par sa bravoure légendaire, a marqué à jamais la lutte sénégalaise ».
Je suis peiné d’apprendre le décès de Mbaye Gueye, 1er tigre de Fass. Je rends hommage à un valeureux sportif qui, par sa bravoure légendaire, a marqué à jamais la lutte sénégalaise.
Mes condoléances émues à sa famille ainsi qu’au monde du sport.— Macky Sall (@Macky_Sall) August 7, 2021
Mbaye Guèye, le père d’une génération de titans
Le roi des arènes était à la tête d’une réelle dynastie. La lutte sénégalaise, sport national par excellence, doit beaucoup à Mbaye Guèye. Tant et si bien que son nom restera gravé dans l’Histoire de la lutte : il fut l’un de ceux qui avaient fait évoluer cette discipline. L’athlète proposa, dans les années 1980, que l’on intègre les règles de la lutte gréco-romaine à la lutte sénégalaise. Mbaye, comme son frère Moustapha, qui lui a succédé, sont issus des « mbapatts », des combats nocturnes du quartier populaire de Fass qui ont fait naître des champions.
Le quartier de Fass à Dakar était alors, en 1974, le premier quartier de la capitale et du pays à introduire sa propre écurie de combattants. La plupart des titans de l’arène s’entraînaient alors à la frappe. Le « làmb » — la lutte sénégalaise contemporaine — se développa sous l’influence de Mbaye. Grâce au champion, les règles initiales et celles de la lutte gréco-romaine furent mélangées pour donner lieu à une discipline plus spectaculaire. Grâce à cette évolution, les lutteurs sénégalais sont devenus, à l’international, des champions de lutte libre.
Le làmb est passé de la rue à une organisation plus sérieuse, ce sport intégrant la Fédération sénégalaise de lutte olympique en 1985. Mbaye Guèye avait alors remporté trois championnats. Il laissa la place à son frère cadet, Moustapha « Tapha » Guèye. Quant à Mbaye, il prit une autre stature : celle d’un entraîneur à la tête d’une écurie de futurs champions. Il avait également décidé de développer son sport, continuant à encadrer la lutte sénégalaise et à tenter de lui apporter de nouveaux sponsors.
Aujourd’hui, Mouhamed « Tyson » Ndao, Manga 2 « roi des arènes », Pape Diop, Eumeu Sène ou Lac de Guiers doivent beaucoup au défunt champion. Car grâce à Mbaye Guèye, le sport a survécu en se modernisant et les lutteurs gagnent désormais leur vie grâce à des combats rémunérateurs.
Dans un océan de tristesse Covidée sans oxygène, voilà qu’Allah arrache à notre affection Mbaye Gueye le 1er Tigre de Fass, un exemple de courage, de dignité et de vertu.
Je l’ai connu à Fass dans la maison de El Hadji Souleymane Dia.#Kebetu#MbayeGueye #TigreDeFass pic.twitter.com/7DioUBVIy4
— Mamadou Lamine Diallo (@mld2019) August 7, 2021