Après un an et demi au pouvoir, le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, assure avoir enrayé le trafic de drogue dans son pays et fait baisser la corruption.
Le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, semble avoir un nouveau modèle : le président des Philippines, Rodrigo Duterte. Ce dernier a prononcé, la semaine dernière, un discours-bilan pour montrer combien sa lutte menée contre les trafiquants et consommateurs de drogue avait été efficace. Interrogé par Le Monde Afrique, le chef de l’Etat bissau-guinéen respecte le bilan du Philippin qui, « en trois mois, a mis fin à de nombreuses pratiques institutionnalisées ».
Face au trafic de drogue, les président bissau-guinéens successifs n’ont pas réussi à prendre des mesures efficaces. Pourtant, le constat est alarmant : « La Guinée-Bissau a perdu le contrôle de son territoire », résumait en 2007 l’ancien directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), Antonio Maria Costa. Pire, selon un rapport de la Commission ouest-africaine sur les drogues (WACD), les trafiquants de drogues colombiens auraient financé en 2005 la campagne de l’ancien président bissau-guinéen Joao Bernardo Vieira, qui avait été réélu.
Fermeté et volonté
Umaro Sissoco Embaló avait prévenu lors de son élection, fin 2019, que « la Guinée-Bissau ne sera plus le pays que vous avez connu, où n’importe qui fait n’importe quoi. C’est terminé ! ». Parmi les chantiers qui l’attendaient, ceux, étroitement liés, du trafic du drogue et de la corruption étaient les plus importants. Car le secteur public bissau-guinéen est un des plus corrompus du monde. Un constat qu’Umaro Sissoco Embaló aimerait désormais conjuguer au passé.
Pour en finir avec la corruption, le président de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest propose deux mots d’ordre : discipline et ordre. Des mots qui doivent avant tout concerner le chef de l’Etat. « Quand le chef est réglo, la société suit », assure-t-il au Monde avant d’assurer qu’il ne tolèrera « jamais les trafiquants et les corrupteurs ». Concernant le trafic de drogue, Bissau est une plaque tournante du trafic africain, voire mondial. Les saisies successives par les douanes le prouvent.
Face à ce fléau, Umaro Sissoco Embaló veut faire preuve de fermeté et de détermination. Le président assure, d’ailleurs, que le trafic a déjà bien diminué depuis son arrivée au pouvoir. Mais la lutte présidentielle contre la drogue passe par une politique de fermeté vis-à-vis de ceux qui pourraient être impliqués, au plus haut sommet de l’Etat : des généraux ? Des fonctionnaires ? « Plus aucun membre de l’armée n’est impliqué dans le trafic », affirme Embaló.
Si les statistiques concernant le trafic de produits stupéfiants sont difficilement vérifiables, Umaro Sissoco Embaló estime que la diplomatie retrouvée de la Guinée-Bissau — avec des visites du FMI ou de chefs d’Etat — montre la réussite de sa première année et demie à la tête du pays.