Selon le ministre djiboutien de l’Intérieur, Said Nouh, il y a eu plusieurs morts dimanche à Djibouti, la capitale. A quoi sont dues les violences ?
Violences intercommunautaires ou délinquance ? « La manipulation d’individus malintentionnés a provoqué des violences sans précédent dans plusieurs quartiers de Djibouti », a déclaré à la télévision nationale RTD le ministre djiboutien de l’Intérieur, Said Nouh Hassan, après que Djibouti s’est enflammé, ce dimanche. Du côté du ministère de l’Intérieur, on qualifie ce qui s’est déroulé hier de « délinquance gratuite ». Selon les reporters présents à Djibouti, la capitale djiboutienne, la journée de dimanche a été le théâtre de « violences intercommunautaires », qui ont duré toute la journée.
Situation inacceptable et je condamne très fermement cette délinquance gratuite.
Zero tolerance dorénavant.
Non à la haine et mon soutien total aux forces de l’ordre,
Les instructions les plus fermes ont été données pour que les auteurs des violences soient interpellés. pic.twitter.com/4cOrnuGFSf— Said Nouh Hassan (@Said_Nouh_H) August 1, 2021
En effet, l’option de la « délinquance gratuite » avancée par le ministère de l’Intérieur semble être écartée par les commentaires sur les réseaux sociaux. Des observateurs indiquent que le Front de libération du « Triangle Afar » a débuté une guerre sur les rives de la mer Rouge, à Djibouti. Ce serait, selon eux, des groupe de jeunes Afars qui ont attaqué l’ethnie des Issas.
La communauté des Afars, présente dans tous les pays de la Corne de l’Afrique, se mobilise depuis deux semaines et un appel à la militarisation lancé par le gouverneur d’une région éthiopienne. A Djibouti, les Afars dénoncent des violences policières à leur encontre.
In Tadjourah City, Somali Issa police are shooting Afar civilians with bullets, these bullets could kill afar civilians just like they used these bullets to kill Afar civilians in Djibouti City 👇#Tadjourah #City #Djibouti pic.twitter.com/8ikW2hXNwY
— ⚔️ (@redseaomzz) August 2, 2021
Mais pourquoi les violences auraient-elles lieu dans les rues de la capitale, Djibouti ? Les civils présents sur place étaient armés de haches et d’armes blanches, ainsi que de cocktails Molotov. Des centaines d’habitations ont été incendiées. La population se demande encore ce qui a bien pu causer ces affrontements mortels, dont on ne connaît pas le bilan chiffré. Le ministre de l’Intérieur a promis « que les auteurs des violences seront interpellés ».
Le conflit du Tigré s’exporte-t-il à Djibouti ?
Plusieurs dirigeants appellent donc à l’apaisement entre Issas et Afars. Des observateurs dénoncent des « appels à la haine » de la part « des tribalistes », dans un conflit extérieur qui ne concerne pas Djibouti. Le maire de la capitale, Souleiman Dahir, tente de nuancer ce qui s’est déroulé dimanche, affirmant qu’il s’agit de « quelques échauffourées qui seront vite maîtrisées par les forces de l’ordre ».
Mais l’éventualité d’un embrasement du conflit qui se déroule actuellement dans la région du Tigré jusqu’à Djibouti laisse craindre le pire. Les élites de l’Afar, la région éthiopienne qui regroupe des membres de l’ethnie du même nom, ont appelé ces derniers jours les populations à former des milices. Leur objectif est, sans aucun doute, d’envoyer des civils se battre au Tigré après la défaite de l’armée régulière de la région Amhara. Les Afars, eux, assurent qu’ils protestent pacifiquement à Djibouti et qu’ils sont pris pour cibles par le régime, qui procèderait selon eux à une « extermination » de cette ethnie.
L'AFAR et l'ISSA, le seul pays que nous ayons est Djibouti. d'autres régions apparentées font partie d'autres pays.
Nous devons protéger ce pays sinon nous n'aurons pas de pays. #Djibouti pour tous, l'Unité est notre identité nationale.— faysal houssein iye (@faysalhoussein) August 1, 2021