Pour que la feuille de route du Conseil militaire de transition du Tchad soit respectée en termes de délais, il faudrait récolter 1,5 milliard de dollars, affirme Mahamat Déby.
L’Etat tchadien a revu à la baisse ses besoins financiers pour « renforcer la sécurité, consolider la paix et organiser un dialogue national » dans les délais. Mais les fonds à réunir restent colossaux. Après avoir estimé que 4,5 milliards de dollars seraient nécessaires à la mise en place d’une transition démocratique, les ministres tchadiens ont revu leurs exigences à la baisse. Mais le trou dans les caisses pour entamer la transition reste important : ce sont 840 milliards de francs CFA, soit environ 1,5 milliard de dollars, que le Tchad a besoin de réunir pour son bon fonctionnement.
Depuis le coup d’Etat de Mahamat Déby, fils d’Idriss Déby Itno, la mise en place d’un gouvernement civil fait l’objet de pressions internationales, surtout françaises. Les pays ont, pour certains, timidement condamné la façon dont se sont déroulés les événements. Mais tous sont d’avis que la transition ne pourra pas durer plus de dix-huit mois. En attendant, Mahamat Déby a fini par céder aux exigences de la communauté internationale et du président français Emmanuel Macron en désignant Albert Pahimi Padacké en tant que Premier ministre.
Toutefois, les partenaires étrangers du Tchad, ainsi que les médiateurs de tous bords – la diplomatie togolaise, la CEEAC, le G5 Sahel et l’Union africaine – font pression sur le Conseil militaire de transition (CMT), l’exhortant à aller vite. Si les 18 mois — à partir du mois d’avril — de transition sont respectés, des élections devront être organisées avant février 2023. Or, dès le début des discussions, le chef du CMT, Mahamat Déby, a donné ses conditions : « Il faut atteindre une entente nationale et que les partenaires du Tchad aient apporté tout leur soutien au processus de transition », disait-il en juin. Autrement dit, la pression de la communauté internationale doit être accompagnée d’une aide financière.
Réforme constitutionnelle en vue
Le Conseil des ministres — avec ses 40 ministres et le train de vie qui va avec — s’est réuni ce jeudi 29 juillet pour tenter de valider la feuille de route de la transition. Cette fameuse feuille de route inclut pas moins de 123 actions à réaliser avant que le Tchad ne finisse par organiser des élections. Ces actions sont divisées en trois axes, tous plus irréalisables les uns que les autres. Et le coût total de ce plan, qui doit être financé par les fonds étatiques, est élevé. Si bien qu’il manque encore 1,5 milliard de dollars.
Mais quels sont les trois axes de ce plan de transition ? Selon la presse locale, il concerne le renforcement de la sécurité et de la défense, l’organisation du dialogue national, la consolidation de la paix et de l’unité nationale, ainsi que le renforcement de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance. Cela passe, toujours selon les journaux tchadiens, par une « réforme du corpus juridique, résultant des résolutions issues du dialogue , ainsi qu’à l’organisation d’un référendum constitutionnel et des élections générales libres et transparentes ».
On voit mal, en 18 mois, le Tchad amender sa constitution et appeler le peuple aux urnes pour valider ces modifications, avant de voter pour la présidentielle. Mais le CMT assure que les délais sont tenables, si la communauté internationale met la main à la poche. La transition prévoit un dialogue national inclusif entre août et décembre 2021 et des réformes législatives jusqu’en septembre 2022.