A la veille des épreuves d’athlétisme des JO de Tokyo, l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU) a exclu 20 athlètes, parmi lesquels 14 Africains, pour avoir contrevenu aux règles antidopage.
C’est une déception pour 14 athlètes africains, qui s’étaient préparés pour les Jeux Olympiques, et qui ont finalement été éliminés avant même de pouvoir concourir. Ils sont accusés de manquement aux règles imposées par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU). Les 14 athlètes concernés, parmi lesquels 10 de la délégation du Nigéria, et des membres de leurs délégations et fédérations respectives, ont laissé leur colère exploser après cette série d’exclusions.
Les athlètes ne sont pas directement accusés de dopage — aucun dépistage de substances dopantes chez ces sportifs du Nigéria, du Kenya, du Maroc et d’Ethiopie ne s’est révélé positif. Mais c’est sur la forme que l’affaire a été classée en leur défaveur : les sportifs n’ont en effet pas participé à la totalité des contrôles antidopage durant les dix derniers mois. Or, ils auraient dû effectuer 3 contrôles antidopage inopinés hors compétition, selon les règles de l’AIU.
Une erreur qui incombe aux athlètes eux-mêmes, ou à des responsables nationaux négligents. World Athletics et l’AIU imposent une série de contrôles à respecter tout au long de l’année, pendant et hors des compétitions internationales.
I have said it before and I will say it again. If you do not know the sport, not passionate about it/Us (the athletes), then you have no business there as an administrator. The sport system in Nigeria is so flaw and we athletes, are always at the receiving end of the damages..
— Blessing Okagbare MFR (@mountain214) July 29, 2021
Le laxisme des fédérations
L’absence de certains documents a donc coûté la participation de plusieurs athlètes, principalement africains. Ainsi, la championne de lancer de disque Chioma Onykwere, détentrice du record africain, ne pourra pas disputer l’épreuve olympique. Onykwere a demandé aux autorités de reconsidérer leur décision, mais l’espoir de participation est mince. Elle estime que « les athlètes ne sont pas fautifs dans cette affaire ». Sa compatriote, la sprinteuse Blessing Ighoteguonor, a quant à elle accusé les cadres de la délégation nigériane : elle estime que les sportifs nigérians sont les victimes d’un « système sportif défectueux ».
Avec des dizaines de champions africains éliminés pour des raisons similaires, préalablement au début des Jeux, comme le marcheur sud-africain Lebongang Shange, et cette nouvelle vague de disqualifications, l’Afrique voit ses chances de médailles se réduire comme peau de chagrin. Après avoir obtenu 45 breloques lors des Jeux Olympiques de Rio, le continent reste pour le moment bloqué à 7 médailles à son palmarès. Certains des athlètes éliminés aujourd’hui représentaient un espoir pour leurs pays et le continent.
Les relations entre les instances internationales et les fédérations africaines datent. En 2016, après les scandales de dopage russe, la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) avait visé plusieurs pays, dont trois africains — Maroc, Ethiopie et Kenya —, les accusant de ne pas coopérer lors des contrôles antidopage. Le président, Sebastian Coe, avait alors indiqué « des recommandations claires ont été émises à l’encontre de cinq pays, de façon à ce qu’ils comprennent clairement les actions qu’ils doivent entreprendre ».
Le laxisme de certaines fédérations nationales a en tout cas coûté cher à plusieurs athlètes. La Nigériane Blessing Okagbare, qui n’a pas été exclue, a pris position en faveur de ses camarades et fustigé les instances nationales : « Je l’ai déjà dit et je le répète. Si vous ne connaissez pas le sport, si vous n’êtes pas passionné les athlètes, alors vous n’avez rien à faire là en tant qu’administrateurs. Le système sportif au Nigeria est tellement défectueux et nous, les athlètes, sommes toujours les victimes », a estimé la sportive.