En Algérie, à partir de septembre, 3 millions de doses des vaccins russe et chinois seront produites. Un objectif qui doit permettre à Alger d’exporter ses doses en Afrique.
« One, two, three, viva l’Algérie » se chante désormais en millions. A partir de septembre, trois millions de doses de vaccin anti-Covid seront fabriquées mensuellement en Algérie. C’est le chiffre annoncé à trois reprises par de hauts responsables algériens ces derniers jours. Le Dr Djamel Fourar, porte-parole du Comité scientifique de la lutte contre la Covid-19, a récemment indiqué que l’objectif algérien était à la portée du pays. Le responsable a aussi annoncé que 20 000 étudiants en médecine profiteraient des vaccins, ce qui représentera la tout première campagne de vaccination à destination des jeunes Algériens.
Le ministre algérien de l’Industrie pharmaceutique avait lui aussi précisé les modalités de vaccination sur le moyen terme. Il avait expliqué le processus de fabrication du vaccin en affirmant que « la matière première du vaccin chinois sera obtenue de Pékin, tandis que celle du vaccin russe Spoutnik V sera produite localement ». Comme nous l’annoncions le 16 mars dernier, Alger avait annoncé la création d’usines qui devaient produire le vaccin russe Spoutnik V en local.
En attendant, la campagne de vaccination a débuté en Algérie en janvier. Toutefois, l’arrivée tardive des vaccins, surtout des secondes doses du Sinopharm, a ralenti le processus. L’Etat algérien espère que produire dans son pays lui évitera d’être dépendant des laboratoires étrangers. Alger vise 20 millions de vaccinés avant la fin de l’année. Un objectif qui semble plausible, à condition que les prévisions de production algérienne des vaccins Spoutnik V et Sinovac soient tenues.
L’enthousiasme des populations pour le nouvel élan de la campagne de vaccination se fait ressentir un peu partout dans le pays. Après une hausse importante des cas d’infection fin mai, les appels contre la vaccination ont cessé. L’Algérie est devenue l’un des rares pays où les doses de vaccins ne sont quasiment plus jetées. C’est aussi le pays africain qui a fait le plus de dons de vaccins aux autres pays du continent. Dernièrement, la Tunisie voisine a profité de 250 000 doses et de 20 tonnes de matériel médical en provenance de l’Algérie.
De la diplomatie du vaccin à la victoire sur la Covid-19 ?
L’Algérie a aussi fait don de plus de 400 000 doses de vaccins à d’autres pays africains, à l’instar du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Et les populations locales ne sont pas pour autant oubliées : le pays est le deuxième en termes de nombre de doses de vaccin administrées, juste après l’Egypte. Un chiffre à relativiser toutefois : le pourcentage de vaccinés est plus faible qu’au Maroc, premier pays d’Afrique dans ce domaine.
L’Algérie compte sur sa production locale pour rattraper le retard. Si les efforts algériens se concrétisent, il ne s’agira pas uniquement du premier pays africain à fabriquer ses vaccins en grande quantité, mais également, potentiellement, du premier Etat du continent à exporter ses doses. Avec les aides sanitaires, l’Algérie s’est déjà distinguée par une très forte diplomatie vaccinale. Si l’Algérie peut se targuer de produire elle-même, elle aura pris un autre avantage sur le reste du continent, alors que l’Afrique du Sud s’est elle aussi lancée dans la production de vaccins. Mais Pretoria est encore loin d’être au stade d’Alger.
L’enjeu est donc diplomatique autant que commercial. Au-delà de la générosité dont l’Algérie a fait preuve ces derniers mois, avec ses voisins notamment, le pays a pour ambition d’exporter ses doses au-delà de ses propres frontières. Reste un bras de fer à gagner : celui contre la France. La diplomatie algérienne s’est en effet opposée au « passeport vaccinal » introduit en Europe, qui exclue les vaccins Sinovac et Spoutnik V. Mais face à l’urgence sanitaire, et si les pays africains achètent des vaccins algériens, l’Europe n’aura pas d’autres choix que d’accepter les deux vaccins sur son pass sanitaire. La reconnaissance récente du vaccin Covishield par la France est bien la preuve que Paris peut facilement changer d’avis.