Joël Aïvo a comparu devant la justice, ce jeudi 15 juillet. Son procès a été ajourné par la CRIET, sur demande du Ministère public. Une « malice procédurale », selon l’avocat de l’opposant béninois.
Au Bénin, la première comparution de l’opposant Joël Aïvo ne s’est pas passée comme l’espéraient ses avocats. Surnommé « le professeur », il avait été brutalement arrêté en avril dernier, à peine un jour après la victoire du président Patrice Talon à l’élection présidentielle. Il avait ainsi été le premier opposant arrêté pendant le second mandat de Talon. Aïvo avait tenté d’être candidat à la présidentielle, pour le Front pour la restauration de la démocratie, mais sa candidature avait été rejetée, comme de nombreuses autres.
Joël Aïvo, accusé de « blanchiment de capitaux et d’atteinte à la sûreté de l’Etat », a comparu hier devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Toutefois, le procureur de la CRIET, qui était le même à avoir demandé la mise en examen d’Aïvo après son interpellation, a demandé à la cour de se déclarer incompétente. Bonne ou mauvaise nouvelle pour Joël Aïvo ? Les avis divergent.
#Bénin : le procureur (de la Criet) qui a inculpé Joël Aïvo demande à la Criet de se déclarer incompétente pour le juger. Une justice ubuesque.
— Stephanie Hartmann (@Stefanhi) July 15, 2021
L’imparable accusation d’atteinte à la sûreté de l’Etat
Contrairement à la première audience de Reckya Madougou, celle de Joël Aïvo ne s’est pas pas tenue à huis clos. Toutefois, aucune déposition n’a eu lieu pour Aïvo ou ses trois codétenus. Le procureur spécial de la CRIET, Mario Mètonou, a demandé à la cour de se déclarer incompétente et sans demander son reste, le juge de la CRIET a accédé à sa demande en ajournant le procès pour le 5 août prochain. Cette décision va-t-elle profiter à Joël Aïvo ? Clairement, le détenu jouit d’un meilleur traitement que Reckya Madougou. Cependant, ce n’est pas pour autant que la procédure va être traitée équitablement, selon les avocats d’Aïvo.
L’incompétence de la CRIET, si elle est confirmée le 5 août, permettrait de renvoyer l’affaire en instruction auprès de la Chambre pénale de la Cour de Cotonou. Ainsi, l’audience pourra se tenir de façon plus confidentielle, et Aïvo risque ainsi de passer plus de temps coincé dans les rouages de la justice béninoise. De plus, la charge de la preuve s’inverserait. Ce qui signifie que ce ne sera plus au procureur de prouver les charges retenues contre le constitutionnaliste, à savoir l’atteinte à la sûreté de l’Etat, mais aux avocats d’Aïvo de prouver son innocence.
Pour l’avocat Ba Parapé, il s’agit là d’une « malice procédurale ». Si la CRIET a été régulièrement accusée d’être un instrument de répression entre les mains de Patrice Talon, les avocats auraient préféré que l’audience ait lieu, estimant que le dossier de leur client est « vide ». Or, pour Robert Dossou, le premier représentant de la défense d’Aïvo, il est « certain que le 5 août, Aïvo ne sera pas relâché ». L’avocat considère qu’il s’agit d’une « ruse qu’il faut dénoncer ».
Ludovic Hennebel invite les autorités béninoises à vaincre leur peur de libérer le professeur #JoëlAïvo. Car dit-il, « il n'y a aucun élément de preuve contre lui, son dossier est vide. » pic.twitter.com/NCUv32w1it
— Comlan Hugues SOSSOUKPE (@1Comlan) July 11, 2021