Alors que les Etats-Unis retirent lentement leurs troupes d’Afghanistan et que la France annonce le retrait de la moitié de ses forces au Mali, au Pentagone, Florence Parly et Lloyd Austin ont signé une feuille de route sur la lutte antiterroriste.
Le plan militaire occidental au Sahel avance à grands pas. D’un côté, Emmanuel Macron a annoncé, après le sommet du G5 Sahel, que Barkhane réduirait ses effectifs au Mali. Le président du Niger, Mohamed Bazoum, se tenait à ses côtés, à Paris. Le président du CMT tchadien, Mahamat Déby, était dans la capitale française quelques jours plus tôt. Tout porte finalement à croire que les troupes françaises au Mali ne seront pas rapatriées.
Loin de là, du côté américain, le président Joe Biden a annoncé que les Etats-Unis allaient quitter l’Afghanistan « à la fin du mois d’août ». Face à la pression du camp républicain, l’administration Biden semble toutefois porter toute son attention vers l’Afrique. Le commandement militaire américain Africom n’a pas réellement de pied-à-terre en Afrique. Jusqu’à aujourd’hui, Africom ne faisait qu’apporter un soutien aux troupes européennes sur tous les champs de guerre sur le continent. Un mode opératoire qui va évoluer, notamment au Sahel. Tout porte même à croire que les Etats-Unis agiront sur le théâtre sahélien plus vite que prévu.
La naissance d’une coopération franco-américaine
La percée américaine en Afrique a commencé avec la signature d’un contrat inédit d’armement entre la NSPA, responsable de la logistique de l’OTAN, et les généraux français Laurent Marboeuf et Philippe Lavigne. Ce contrat, estimé à 20 milliards de dollars et qui concerne la fourniture en armes de Barkhane et de Takuba, a fait l’objet d’un mémorandum signé le 16 juin.
Le sommet de la coalition anti-Daech a étrangement dévié en un round de discussions des modalités d’intervention de l’OTAN au Sahel. A la demande des chefs de la diplomatie américaine et italienne, Antony Blinken et Luigi di Maio, le sommet diplomatique s’est en effet transformé en une vaste opération de planification militaire. Par ailleurs, la majorité des discussions du sommet ont porté sur le « potentiel militaire » occidental. Plus précisément, celui que la coalition peut déployer en Afrique. C’est lors de ce sommet d’ailleurs que l’idée d’une collaboration franco-américaine plus approfondie sur le terrain est née.
L’EUBG, la force européenne qui devait être déployée au Mozambique et en RDC, a été court-circuitée par l’intervention inattendue du Rwanda. Depuis, des milliers de soldats européens sont en attente de leur déploiement à partir du camp d’entraînement Ariete en Italie.
Takuba, Barkhane, les Rangers et les Marines
Une réunion bilatérale entre la ministre française des Armées, Florence Parly, et le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a permis d’en savoir plus sur l’avenir d’Africom et de Barkhane. Les deux ministres ont signé une feuille de route franco-américaine vendredi dernier. Il s’agirait, selon les premiers éléments connus, d’une « coopération dans le domaine des forces spéciales » visant à lutter contre « les menaces non étatiques » au Sahel, à savoir al-Qaïda et l’Etat Islamique.
Cette coopération transatlantique est née, comme le confirme un communiqué du Pentagone, d’une « opportunité pour un engagement continu au Moyen-Orient et en Afrique ». Or, après le retrait américain de l’Extrême-Orient, le Moyen-Orient n’est plus une priorité pour l’administration Biden. Selon les déclarations successives du président des Etats-Unis, c’est la « coopération avec l’Afrique » qui prime.
Toutefois, le concept de coopération reste ambigu. Le Pentagone a annoncé le « renforcement de la collaboration avec la France pour lutter contre les groupes djihadistes ». Et l’autorité militaire américaine précise bien que « cette nouvelle intervient à un moment où les forces américaines se retirent d’Afghanistan ». Avant d’enchainer : « L’effort de la lutte contre le terrorisme devrait se déplacer de ce territoire vers l’Afrique et d’autres points chauds ».