Ancien ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane remplace Abdelaziz Djerad en tant que Premier ministre algérien. Il a été nommé ce mercredi 30 juin.
Abdelaziz Djerad aura tenu un an et demi, il aura eu trois gouvernements. Ce 30 juin, un peu plus de deux semaines après les élections législatives, le technocrate a laissé sa place à son ex-ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, arrivé lors du premier remaniement de juin 2020. Ancien gouverneur de la Banque centrale d’Algérie, entre 2019 et 2020, le nouveau Premier ministre est un spécialiste de la finance : au début des années 2000, il avait été nommé délégué de l’Algérie auprès du Fonds monétaire international (FMI), avant de prendre la direction générale des impôts pendant onze années.
Le tout nouveau chef du gouvernement, après les législatives qui ont été remportées par le Front de libération nationale (FLN) aura pour mission de « poursuivre les consultations avec les partis politiques et le société civile afin de former le gouvernement dans les plus brefs délais », selon un communiqué présidentiel.
A l’été 2020, alors fraîchement nommé ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane avait eu pour objectif de « restituer la confiance du citoyen à travers ses institutions financières et bancaires ». Il décrivait alors la situation financière de l’Algérie comme « confortable», et voulait s’attaquer à « la masse monétaire qui circule dans le circuit informel ». Aux manettes de l’économie algérienne depuis plusieurs décennies, Benabderrahmane estimait cependant que « l’absence de l’Etat a fait que notre système bancaire est faible ». « Quand nous parviendrons à renforcer notre économie et la rendre compétitive, la monnaie nationale retrouvera automatiquement sa valeur appréciable », avait-il promis.
Une majorité présidentielle à l’Assemblée ?
Un an plus tard, le voici donc à un poste clé. A un moment charnière, politiquement : le FLN a remporté un scrutin législatif marqué par la percée des islamistes, et le Hirak poursuit son chemin, les militants algériens réclamant un changement de système dont fait assurément partie Aymen Benabderrahmane.
Après Djerad, c’est un autre technocrate qui prend les rênes du pays. Moins connu celui-ci. Aymen Benabderrahmane aura la lourde tâche d’entamer des discussions pour sortir un gouvernement qui fasse, à défaut d’unanimité, consensus. Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, a débuté des consultations avec les partis ayant obtenu des sièges à Assemblée populaire nationale, lors desquelles il a demandé que les futures ministres soient en phase avec son programme.
Aymen Benabderrahmane, pour constituer son gouvernement, pourra compter sur le FLN, mais aussi sur le RND et quelques indépendants siégeant à l’Assemblée. En revanche, il devra certainement se passer du MSP d’Abderrazak Makri, désormais troisième force politique du pays, qui ne souhaite pas participer au gouvernement.