L’ONG humanitaire française ACTED a vu ses activités suspendues au Nigéria après la découverte d’armes factices dans les chambres d’hôtel de ses membres, à Borno.
L’Agence d’Aide à la coopération technique et au développement (ACTED), une ONG humanitaire française, a été suspendue au Nigéria. La décision du gouverneur de Borno a pris acte des découvertes troublantes de la police. En effet, des voisins avaient alerté les forces de l’ordre après avoir entendu des coups de feu provenant de l’hôtel où résident les membres d’ACTED. Sur une route périphérique de l’hôtel, qui se trouve dans la ville de Maiduguri, un employé d’ACTED a été arrêté. Ensuite, la police a fouillé l’hôtel et y a trouvé des armes factices, utilisées pour l’entrainement au tir.
Selon les locaux, ce n’est pas la première fois qu’ACTED est soupçonnée d’organiser des sessions d’entraînement au maniement d’armes. L’ONG s’est expliquée en mettant en évidence les risques sécuritaires affrontés dans sa zone d’action dans le pays. Toutefois, le gouverneur Babagana Zulum a ordonné la fermeture de l’hôtel et la suspension des activités d’ACTED. Et ce, jusqu’à la fin de l’enquête.
De son côté, l’ONG a avancé qu’il n’est pas rare de former son personnel qui agit dans les zones de conflits. Elle a rappelé que ses membres ont été attaqués par le passé. Cependant, ACTED est la deuxième ONG plus subventionnée par l’Etat français après Médecins sans frontières (MSF). Ses camps dans le Nord nigérian sont protégés par les casques bleus et l’armée nigériane.
Did the iNGO seek for permit from the Theatre Command before organising such training in a hotel located within the residential area of people already traumatised because of frightening sound of guns?
— John Christian Alex 🇳🇬 (@jchristianalex) June 27, 2021
Les explications insatisfaisantes d’ACTED
De plus, jusqu’à preuve du contraire, les formateurs étaient des employés d’ACTED, alors que les civils qui apprenaient le tir à l’arme étaient nigérians. Ce qui va outre la « sensibilisation des membres » d’ACTED aux risques sécuritaires. Selon le communiqué d’ACTED : « Nous devons exercer notre devoir de diligence envers le personnel. Et tout mettre en œuvre pour assurer sa sûreté et sa sécurité ». On lit aussi : « Ces exercices sont des procédures normales pour de nombreuses ONG ».
ACTED est active dans 38 pays dans le monde. Comme toute ONG opérant en zone de guerre, à l’image du Nord nigérian, elle ne peut ni choisir les mesures sécuritaires ni déployer ses membres sans l’accompagnement de l’Etat. Au Nigéria, l’ONG est relativement nouvelle. Au Niger, les membres d’ACTED sont actifs depuis plus de six ans. L’ONG a été suspendue au Niger aussi, sur fond de relation avec des organisations terroristes. Certains des employés ont été accusés de traite de femmes et d’abus sexuels avec leurs homologues de l’ONG britannique Oxfam, MSF et d’autres.
Parmi les 6000 salariés d’ACTED, trois ont été enlevés et cinq tués en 7 ans. De plus, la loi nigériane stipule que les étrangers n’ont pas le droit de port d’armes sur le territoire. Quant aux Nigérians, ils doivent être munis de permis de l’Etat fédéral. Donc, malgré les déclarations d’ACTED au sujet de son « respect des normes et de la loi », si l’enquête prouve l’intention de l’ONG d’armer ses employés, ces derniers seraient déjà en enfreinte à la loi. Surtout, ils dépassent de loin leur mandat et leurs prérogatives, dans un pays africain souverain.
https://afriquechronique.com/lafrique-daujourdhui/niger-une-ong-francaise-sattire-les-foudres-du-gouverneur-de-diffa/