Le Burkina Faso, qui voyait enfin ses efforts dans la lutte antiterroriste fonctionner, a vécu la pire attaque terroriste de son histoire hier. Plus de 100 morts ont été décomptés dans une attaque nocturne au Nord du pays.
Au moins 100 morts ont été tués par un groupe armé dans la province de Yagha dans la nuit. Les assaillants ont attaqué le village de Solhan, tué les habitants civils et brûlé les maisons et le marché. Selon une source sécuritaire du gouvernement, le groupe Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) serait impliqué. Cette attaque intervient quatre jours après une annonce du gouvernement. En effet, le ministre chargé de la Réconciliation nationale, Zéphirin Diabré, a déclaré que le Burkina « ne négociera pas » avec Daech.
Selon le ministre, l’Etat s’opposerait à toute forme de réconciliation avec les terroristes étrangers. Il a toutefois annoncé : « S’il y a des jeunes burkinabés qui se sont égarés et veulent rentrer à la maison. Nous sommes prêts à discuter de leur retour. Il faut laisser tomber les armes et se repentir », a-t-il souligné.
Une source a déclaré à l’AFP : « Dans la nuit de vendredi à samedi, des individus armés ont mené une incursion meurtrière à Solhan, dans la province de Yagha ». La source, appartenant aux forces de sécurité, a rajouté : « Le bilan, encore provisoire, est d’une centaine de personnes tuées, hommes et femmes de divers âges ».
Dans la nuit du 04 au 05 juin, des individus armés ont attaqué le village SOLHAN dans la commune de Sebba dans la région du Sahel.
Je m'incline devant la mémoire de la centaine de civils tués dans cette attaque barbare et adresse mes condoléances aux familles des victimes 1/2— Roch KABORE (@rochkaborepf) June 5, 2021
Les terroristes essayent de semer la peur au pays des hommes intègres
Trois organisations terroristes sont actives au Burkina Faso actuellement. Depuis l’été 2020, l’Etat burkinabé avait négocié un cessez-le-feu avec Al-Qaïda au Maghreb Islamique, qui tient encore. Toutefois, l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS), l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) sont encore présents dans l’Est et le Nord du pays. Ces deux factions obéissent à l’Etat Islamique (Daech).
L’Etat burkinabé avait lancé une opération militaire, « Houné », dans l’Est. L’opération est encore en cours et a progressé lentement mais sûrement. Les militaires ont réussi à reprendre le contrôle d’une large zone sous l’influence de l’EIGS depuis des années. Aussi, plus de 40 membres de l’organisation terroriste ont été tués, et au moins une dizaine capturée.
Le déploiement de l’armée dans l’Est a cependant affaibli les défenses des zones rurales du Nord. Ce qui a potentiellement exposé Yagha aux attaques des groupes armés. Les groupes terroristes avaient aussi, jusque-là, l’habitude de s’installer dans les villages isolés comme Solhan. Or, cette fois, le raid du groupe armé avait la forme d’une expédition punitive.
La stratégie des groupes terroristes inclut la fédération des villages et le contrôle par la peur. Cependant, les villageois de la partie burkinabé de la zone des trois frontières ont montré du courage dernièrement. Certains avaient exposé les positions des terroristes, permettant de petites victoires à l’armée nationale.
Il semblerait donc qu’au pays des hommes intègres, le terrorisme commence à être rejeté. La mort d’autant de civils est une tragédie avec laquelle le gouvernement devra composer. A cette fin, l’Etat a déclaré trois jours de deuil national. Le gouvernement a aussi promis l’intensification de la présence des forces de sécurité dans la région.