Malgré des avancées diplomatiques entre le Kenya et la Tanzanie, le président Uhuru Kenyatta attend de Samia Suluhu Hassan un geste symbolique : la réouverture du poste-frontière de Bolongoja.
Début mai, soucieuse de réchauffer les relations avec le Kenya, la nouvelle présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, usait d’une métaphore pour décrire ses liens avec son voisin : « Dieu a béni ces deux pays pour qu’ils soient voisins. Nous avons des frontières terrestres et maritimes, et même notre écologie est commune. Même nos animaux forment une seule famille ». Une référence aux gnous, qui traversent régulièrement le parc tanzanien du Maasai Mara pour rejoindre celui du Kenya, le Serengeti National Park.
Mais la réalité est légèrement plus complexe. Si Samia Suluhu Hassan a largement contribué à séduire les autorités du Kenya voisin, il reste un point de discorde entre les deux pays : la réouverture du poste-frontière de Bolongoja, point de connexion entre les deux parcs nationaux, tanzanien et kenyan. Fin mai, ce fut l’un des sujets de discussion entre les ministres du Commerce des deux Etats.
Le poste-frontière de Bolongoja est, depuis la fin des années 1970, bouclé. Une décision tanzanienne forte : les opérateurs touristiques du pays de 60 millions d’habitants voient d’un mauvais œil les opérateurs kenyans qui, œuvrant dans la réserve naturelle du Maasai Mara, n’hésitent pas à proposer aux touristes de se rendre du côté tanzanien.
Désireuse de renouer des liens forts avec le Kenya, la présidente tanzanienne serait prête à accepter la réouverture du poste-frontière. Mais face à la pression des opérateurs touristiques, celle-ci n’a pas encore eu lieu. Le Kenya pousse pourtant : lors de la venue de la ministre kenyane du commerce Betty Maina à Arusha, celle-ci a demandé officiellement à son homologue tanzanien Kitila Mkumbo d’accepter ses revendications.
Betty Maina est revenue au Kenya avec de nombreuses victoires : les barrières douanières entre les deux pays ont été réévaluées et il sera désormais plus facile pour Nairobi de commercer avec son voisin. La Tanzanie, libérée de son ex-président inflexible, devrait même étendre ses relations à toute l’East African Community (EAC). Insuffisant pour Uhuru Kenyatta, qui va traiter personnellement de ce dossier lors d’une prochaine visite en Tanzanie. Le président kenyan espère voir le poste-frontière de Bolongoja réouvrir et ainsi voir son secteur touristique, affaibli par la crise de la Covid-19, renaître de ses cendres.