Jusqu’au mois de juillet, voire août, l’électricité sera rationnée à Abidjan et dans les grandes villes ivoiriennes. La faute à la sécheresse et aux infrastructures nationales.
Quatre mois ! En Côte d’Ivoire, le délestage devrait durer jusqu’au mois d’août au mois. Depuis plusieurs jours, l’électricité est devenue une denrée rare à Abidjan, où les coupures sont de plus en plus courantes. Les opérations de délestage permettent de rééquilibrer l’offre et la demande d’électricité et sont opérées par le fournisseur lui-même. Le délestage est un arrêt temporaire de la fourniture d’électricité à une partie pré-définie des clients, en fonction de l’endroit où ils se trouvent.
Le modèle ivoirien mis à mal
On est loin de la Côte d’Ivoire louée par la Banque mondiale : en juillet dernier, l’organisation dévoilait « le secret du succès électrique de la Côte d’Ivoire ». Il est vrai, comme le résume la BM, que le taux d’électrification de la population a largement augmenté ces dernières années. « Alors qu’après la crise postélectorale de 2011, seuls 34 % de la population avait accès à l’électricité, près de 94 % des Ivoiriens sont aujourd’hui raccordés au réseau », écrit la Banque mondiale qui se félicite de la privatisation du réseau électrique ivoirien.
Mais à Abidjan, autant que dans d’autres grandes villes, l’électricité est régulièrement coupée. En 2019, le pays avait produit plus de 2 229 mégawatts avant, l’année suivante, d’exporter 11 % de sa production d’électricité vers ses voisins ghanéen, togolais, béninois, burkinabè, malien et libérien.
Alors, qu’a-t-il pu se passer pour que le délestage prenne le pas sur la production d’électricité ? La faute est imputée aux changements climatiques. Une sècheresse relative a empêché l’eau de faire fonctionner à plein régime les barrages. Pour Ahmadou Bakayoko, patron de la compagnie ivoirienne d’électricité, « ces perturbations sont dues essentiellement à la baisse de la production en énergie électrique, en raison du contexte climatique de la saison sèche qui prive la société d’une partie importante de la production de l’énergie hydraulique ».
Mais le réchauffement climatique n’est pas la seule raison qui explique cette situation. Le pays compte en effet sept centrales hydroélectrique et quatre centrales thermiques. Mais le tiers de l’électricité distribuée dans le pays provient de la centrale thermique d’Azito, à Abidjan. Or, celle-ci est en panne.
La fourniture rationnée depuis ce matin
Depuis ce lundi, la fourniture d’électricité est donc « rationnée », comme l’a annoncé la compagnie de production d’électricité vendredi dernier. L’entreprise prévoit des coupures pouvant aller jusqu’à… six heures. Essentiellement en journée, prévient la compagnie électrique. Et la situation pourrait donc durer pendant environ quatre mois, car la Côte d’Ivoire accuse actuellement un déficit de près de 200 mégawatts.
De quoi provoquer la colère des habitants du pays, mais aussi des organisations syndicales. La Confédération des grandes entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) évoque « une crise énergétique » et a demandé des explications au Premier ministre, Patrick Achi. Pour le patron des patrons, la compagnie nationale d’électricité « veut combler ce déficit, à travers un plan de délestage de 145 grandes entreprises industrielles ». Cette situation, « d’une extrême gravité », aura des conséquences sur l’économie nationale, prévient-il.
Outre l’économie formelle, ces coupures vont également provoquer des problèmes pour le secteur informel, qui contribue à plus de 70 % de l’économie nationale. En attendant la saison des pluies, qui démarre en juillet, la Côte d’Ivoire croise les doigts. La CIE, elle, a annoncé des « travaux urgents » de renforcement des capacités des centrales électriques.