Le président de l’UA, Félix Tshisekedi, sera bientôt à Addis-Abeba, dans une ultime tentative d’apaiser les tensions entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte à propos du barrage de la Renaissance (GERD).
Le président de la RDC et de l’Union africaine (UA), Félix Tshisekedi, décollera, très probablement demain, vers Addis-Abeba. Il avait commencé sa tournée par une visite à Khartoum, et ensuite au Caire. Le samedi 8 mai, il s’est entretenu avec al-Burhan, chef de l’Etat soudanais. Le jour-même, il s’est envolé vers le Caire, où il a rencontré Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien. Hier, il a fait un large détour, très curieux, en Zambie.
Très peu de détails ont fuité quant aux deux premières rencontres de Tshisekedi. Toutefois, il essaie sans doute de remédier à l’escalade des tensions entre les trois pays traversés par le Nil. L’accélération du remplissage du GERD fin mars, par l’Ethiopie, a lancé les hostilités. Ensuite, le président égyptien a tenu une conférence de presse, où il a multiplié les menaces. Puis, après l’échec d’une tentative de médiation par Tshisekedi, al-Sissi a initié une course à l’armement.
L’effort de guerre qui s’étend sur l’Afrique de l’Est
Auparavant, pendant les discussions sur le même sujet, le 6 avril, l’Egypte a commencé à s’attirer les faveurs de potentiels alliés. En l’occurrence, l’Ouganda a conclu un accord militaire d’échange d’informations avec l’armée égyptienne. Ensuite, al-Sissi a offert au Soudan de financer deux gros projets de développement. A savoir un port maritime frontalier entre les deux pays et une injection de fonds dans la compagnie aérienne soudanaise.
De son côté, Abiy Ahmed, le chef d’Etat éthiopien, a participé au financement de deux projets tripartites entre le Kenya, la Somalie et la Tanzanie. Il est actuellement en bonnes relations avec l’Erythrée, et soutenu par l’entité sioniste, mais relativement isolé. Il essayerait donc, selon les analystes, de rassembler un semblant de front diplomatique pour faire face à la pression égyptienne.
Or, entre temps, la Somalie qui a toujours été manipulée par l’Ethiopie et les Etats-Unis, a vu son président céder le pouvoir à son Premier ministre. Vraisemblablement, l’Ethiopie est esseulée à nouveau. Le nouvel épicentre du pouvoir en Somalie, Mohamed Hussein Roble, est plus connecté à l’Union européenne qu’aux Etats-Unis. Et l’Ethiopie n’a pas une grande influence sur le Kenya et la Tanzanie.
Corrélativement, al-Sissi a frappé sur trois fronts. Au début, il a acheté 30 avions de guerre à la France, rétablissant un certain degré d’amitié avec l’Europe. Ensuite, il a restauré la diplomatie russo-égyptienne, en ouvrant ses frontières aux touristes russes. Puis, il tente actuellement un rapprochement avec la Turquie. Les ministères des Affaires Etrangères turque et égyptien ont tenu de longues discussions ces derniers jours.
#RDC 09.05.2021|#Caire
Le Chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de l'@_AfricanUnion a échangé, hier soir, avec son homologue égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, au sujet du Barrage de la Renaissance Éthiopienne. pic.twitter.com/5yMXUH80fv— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) May 8, 2021
Le mariage de la carpe et du lapin
Donc, l’échiquier est en place, et al-Sissi se montre plus menaçant que jamais. Le président égyptien est extrêmement belliqueux, et Abiy Ahmed ne fait jamais de concessions. Concrètement, à travers son voyage, Félix Tshisekedi ne pourrait espérer que convaincre al-Burhan de rester neutre.
Or, le Soudan se trouve dans une situation difficile. La capitale soudanaise Khartoum est à proximité du Tigré, où l’Erythrée et l’Ethiopie ont le gros de leurs forces armées. Les eaux du Nil profitent aussi grandement au Soudan. Le pays souffre actuellement des mêmes problèmes que l’Egypte sur ce front. En outre, si un conflit armé se déclare, bien que la possibilité soit surréaliste, le Soudan servirait de champ de bataille.
De plus, on pourrait bien se demander ce qu’aurait Tshisekedi à offrir sur le plan diplomatique. Ses efforts passés ont échoué, et l’Union africaine a été surplombée par les institutions internationales depuis des décennies. Félix Tshisekedi n’a pas non plus la même aura que ses trois prédécesseurs, surtout dans les pays concernés. Donc, lors de son voyage actuel, il ne négocierait pas en ayant une position de force.
Enfin, du côté éthiopien comme du côté égyptien, on peut constater un effort de propagande sur les médias et les réseaux sociaux. En effet, les rappels de la relation entre Abiy Ahmed et Israël sont légion. Et les allusions à la brutalité s’al-Sissi le sont tout aussi bien sur les médias éthiopiens. En somme, l’atmosphère est électrifiée. Néanmoins, Tshisekedi irait probablement bientôt à Addis-Abeba, et cette tournée dévoilera ses secrets, ou ses résultats, bientôt. Dossier à suivre.
#RDC 08.05.2021|#Khartoum
Le Chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi,Président en exercice de l'@_AfricanUnion a effectué une visite de travail au Soudan où il s'est entretenu avec son homologue, le Président du Conseil de Transition, Abdel Fattah Abdelrahmane Al-Burhan. pic.twitter.com/OEypyeLSHv— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) May 8, 2021