Mogadiscio a connu un désamorçage progressif des affrontements armés. Le Premier ministre Roble se chargera d’organiser les élections. Et l’ancien président ghanéen John Mahama représentera l’Union africaine (UA) en Somalie.
La Commission de l’UA a nommé l’ancien président du Ghana John Mahama comme médiateur en Somalie. En effet, après les affrontements meurtriers entre des soldats mutins et les forces armées du gouvernement, le président Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmaajo » a cédé aux demandes de l’opposition. Cette dernière avait réclamé la tenue rapide àdes élections, à la fin du mandat de Farmaajo en février.
Le Premier ministre, Mohamed Hussein Roble, a pris le pouvoir depuis le 1e mai, appuyé par l’Occident et l’UA. En effet, l’arrangement entre le gouvernement et le Premier ministre n’avait aucun format officiel. Ce n’est que le 2 mai, après que le parlement est revenu sur sa décision de prolonger le mandat du président, que Roble est officiellement chargé de la transition.
Un grand optimisme de l’Union africaine
Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, a annoncé la nomination de John Dramani Mahama, ancien président du Ghana, comme son représentant en Somalie. En tant que délégué de l’UA, Mahama travaillera avec les parties prenantes pour parvenir à un compromis. Dans l’accomplissement de son mandat, John Mahama aura l’appui de la Mission de l’UA en Somalie (AMISOM). L’AMISOM garantira la paix pendant que Mahama tentera de trouver un compromis qui arrange le gouvernement, l’opposition et les régions indépendantes.
Moussa Faki a appelé à la bonne foi les différentes parties somaliennes. Le but de l’UA serait un gouvernement doté légitimité et du mandat nécessaire pour résoudre les affaires en suspens. Entre autres, les affrontements claniques qui menacent la stabilité de la Somalie.
Cependant, l’ancien ambassadeur de la Somalie aux Etats-Unis, Abukar Arman, a déclaré que la médiation africaine n’apportera pas à la Somalie la paix promise. Arman, cependant, est un nationaliste assumé aux positions querelleuses. Néanmoins, Arman a déclaré que Mahama assumait son nouveau poste avec un capital diplomatique important.
Personne n’est vraiment indépendant
L’Union africaine avait nommé un autre ex-président ghanéen comme Haut Représentant de l’UA en Somalie. Jerry Rawlings était intervenu au moment où Farmaajo était devenu Premier ministre somalien, en 2010. Le ghanéen avait œuvré en faveur d’un large soutien pour Farmaajo. Ce serait donc le rôle de Mahama de mettre en place un soutien international pour Roble. D’où la confiance de l’UA en Mahama.
L’optimisme de Moussa Faki serait la conséquence, selon certains analystes, des promesses qu’il a obtenues. En l’occurrence de la part de l’Ethiopie, de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis. Les autorités américaines avaient longtemps soutenu Farmaajo, qui est un citoyen américain. Quant au Premier ministre Roble, il bénéficie d’un large soutien européen. Toutefois, Faki n’aurait pas nommé Mahama sans l’accord de l’Ethiopie.
Traditionnellement, les chefs d’Etat somaliens sont aussi appuyés par le pouvoir éthiopien. Déjà, l’Éthiopie avait installé un certain nombre de ses amis dans le gouvernement actuel. Le Kenya, quant à lui, a sélectionné la quasi-totalité des gouverneurs régionaux et des maires. Les seules exceptions, qui présentent une relative autonomie en Somalie, seraient les régions indépendantes.
Entre patriotisme, chauvinisme…et suivisme
Toutefois, la Somalie est en mauvaise posture. Le Premier ministre Roble, appuyé par l’Europe, doit composer avec de nombreuses inconnues. Mogadiscio est à bout de souffle depuis février. Des soldats fidèles à des leaders influents de l’opposition ont afflué dans la capitale depuis la fin du mandat de Farmaajo. Les combats de la semaine dernière ont divisé la ville à jamais. Et les forces gouvernementales ont perdu certains partisans clés au profit de l’opposition. Retrouver leur allégeance serait difficile, surtout pour Roble.
Sous la pression d’apaiser la tension, Farmaajo a abandonné la prolongation de son mandat. Mais rien n’est sûr quant à ses aspirations. Le président somalien a pratiquement été chassé du pouvoir par son allié de toujours. Cet accord pourrait s’effondrer si les dirigeants de trois Etats indépendants contestent l’ingérence européenne.
En effet, le Pount, le Jubaland, et le Somaliland n’ont atteint le consensus en 2017 qu’après une lourde intervention internationale. Les trois Etats sont tout de même très chauvins, et le Somaliland réclame la reconnaissance internationale de son indépendance. Le Premier ministre Mohamed Hussein Roble a donc invité les dirigeants régionaux à un cycle de négociations. Les pourparlers auront lieu à partir du 20 mai. C’est à cette date que l’essor de la transition sera déterminé. La communauté internationale, quant à elle, a menacé de sanctions si les élections ne se tenaient pas bientôt.
La Somalie reste l’épicentre d’une grande concurrence. Elle se trouve entre une Afrique de l’Est qui essaye de trouver un moyen de ressusciter son économie, et un Occident qui voudrait consolider son emprise en Somalie.