Des milices armées ont pris d’assaut l’hôtel Corinthia à Tripoli dans la nuit du 7 au 8 mai. Le nouveau Conseil présidentiel libyen s’y réunit souvent. Les assaillants en auraient, selon certaines sources, après la ministre des Affaires Etrangères Najla Mangoush.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré une attaque à l’hôtel Corinthia, à Tripoli. Selon la porte-parole du Conseil de la présidence, Najwa Wahiba, aucun des membres du Conseil présidentiel ne s’y trouvait lors de l’assaut. Toutefois, certains ministres, dont Najla Mangoush, devaient s’y trouver pour une réunion de travail qui a été reportée.
Plus tôt dans la journée, une réunion a eu lieu à Sebha, dans la région de Fezzan, réunissant le vice-président du Conseil, Musa al-Koni, et le général touareg Ali Kana. Cette rencontre est la troisième après celle d’al-Koni avec Ján Kubiš, suivie par une autre incluant Hussein Attiya, Aguila Salah Issa, et le maréchal Khalifa Haftar. Ces réunions successives visaient un accord pour accélérer le rapatriement des mercenaires russes en Libye. Ali Kana aurait accepté une rencontre future avec le gouvernement d’unité nationale (GNU). Certaines vidéos sur les réseaux sociaux émettent le doute sur la présence de Najla Mangoush à la réunion de Sebha. Des photos de la ministre, relayées par des journaux locaux, montrent son arrivée à Fezzan le matin.
Entre les deux évènements, un groupe armé avait déclaré que Mangoush avait fait des « déclarations irresponsables ». Le groupe considère que seules les troupes russes devraient quitter la Libye. Selon les médias libyens, la milice soutient le GNU mais s’oppose à Haftar et à la présence russe.
De son côté, Mangoush avait déclaré que tous les soldats étrangers devaient quitter le territoire. La milice pourrait avoir considéré que les soldats turcs de Tripoli étaient visés. Surtout que les propos de Mangoush ont eu lieu lors d’une conférence de presse avec son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu. Les troupes turques ont été invitées par le précédent gouvernement de Fayez el-Sarraj, et sont reconnus par l’ONU.
Une attaque maladroite dans un climat tendu
Néanmoins, le gouvernement d’Abdel Hamid Dbeibah n’a encore émis aucun commentaire officiel. La porte-parole du Conseil s’était exprimée sur les réseaux sociaux. Et, jusqu’à maintenant, rien ne prouve l’implication d’une partie du GNU dans cette affaire. Toutefois, il s’agit de la première démonstration de force de cette envergure à Triploi, depuis des mois.
L’attaque de l’hôtel Corinthia représente aussi la première fois que des membres du GNU sont visés par les milices de la tripolitaine. En effet, Abdel Hamid Dbeibah avait veillé à inclure tous les clans, les partis politiques et les rivaux idéologiques dans le gouvernement. Au niveau international, seul Khalifa Haftar est encore sous le joug des sanctions internationales.
On note aussi que le cousin de Najla Mangoush, Yousef Mangoush, avait vivement critiqué cette dernière. Yousef était par le passé l’un des chefs d’état-major libyens du gouvernement d’el-Sarraj. Il a accusé la ministre de soutenir Haftar et de déshonorer son clan.
De son côté, le gouvernement a fait des pas significatifs pour inclure Haftar dans le processus de paix. Selon certains analystes, la future participation de Haftar serait conditionnée par le retrait de ses alliés russes. Toutefois, la possibilité de rapatrier plus de 20 000 paramilitaires russes pourrait s’avérer compliquée. Et ce, malgré l’insistance de la communauté internationale. Accomplir la feuille de route de l’ONU demanderait la bonne foi de toutes les parties prenantes. Mais les évènements de la soirée compliqueront sans doute la suite des pourparlers.