La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a conclu hier une visite fructueuse au Kenya. Au cours de sa rencontre avec le président Uhuru Kenyatta, ce dernier a décidé d’abolir l’obligation des permis et des visas pour l’entreprenariat.
Une rencontre à Nairobi a réuni le président kenyan Kenyatta avec son homologue tanzanienne Suluhu Hassan le 5 mai. Les discussions entre les deux chefs d’Etat ont été diffusées en direct. La présidente Hassan était arrivée la veille, dans l’espoir de relancer une relation diplomatique sereine avec le Kenya.
Les relations entre la Tanzanie et le Kenya ont souvent été très compliquées. Durant la présidence du défunt John Magufuli, les chefs d’Etats se sont critiqués publiquement. Magufuli s’est tout d’abord plaint des restrictions commerciales. Ensuite, depuis l’avènement de la Covid-19, Kenyatta avait moqué l’ex-président tanzanien pour sa politique sanitaire. Le défunt président niait, en effet, l’existence du coronavirus.
Néanmoins, la nouvelle présidente Samia Hassan entretient de bonnes relations avec Kenyatta. Leur rapprochement date de l’époque où Hassan était ministre d’Etat de Jakaya Kikwete. En effet, cette vieille amitié semble maintenant rapprocher les deux Etats. Tant et si bien qu’après une courte réunion à huis clos mardi, les deux chefs d’Etat ont diffusé leurs échanges de mercredi. Les discussions ont été marquées par une franchise inhabituelle en diplomatie.
D’abord, le président kényan a déclaré : « Les investisseurs tanzaniens sont libres de venir faire des affaires au Kenya. Sans être tenus d’avoir des visas d’affaires ou des permis de travail. », a-t-il dit. La présidente Hassan a donc répliqué : « Il suffirait alors que vous supprimiez cette loi qui s’y oppose ». Aucun des présidents ne s’est permis un sourire ou un regard équivoque. Néanmoins, Kenyatta a clos les discussions en annonçant : « Il suffira aux Tanzaniens de suivre les lois kenyanes. Ils seront les bienvenus », a-t-il dit.
On est loin du génocide de poussins
L’échange élégant a donc fini sur un accord inédit conclu en deux répliques. La veille de cette rencontre, mardi, les gouvernements des deux pays se sont entendus sur un autre projet. Le plan d’infrastructure conçu en 2014 entre Kikwete et Kenyatta a été au point mort depuis l’investiture de Magufuli. Toutefois, le projet reprendra sous Hassan. Il comprend la préparation des infrastructures en vue du transport d’électricité entre la Tanzanie et le Kenya. De plus, deux routes seront construites entre les deux pays.
Enfin, les gouvernements respectifs de Samia Hassan et d’Uhuru Kenyatta devraient annoncer une autre entreprise commune. Un gazoduc reliera Dar es Salam au port de Mombasa, au Kenya. Cette nouvelle dynamique entre les deux pays contraste clairement avec leur relation du vivant de Magufuli. Pour rappel, le défunt président tanzanien avait fait brûler vifs 11 000 poussins importés du Kenya. Il s’agissait d’un signe de protestation pour ce qu’il considérait comme un embargo.
Le Kenya est le pays avec le plus d’investissements entre les secteurs public et privé en Tanzanie. C’est aussi le sixième pays africain pour ce qui est du PIB. Et pour la Tanzanie, cette amitié retrouvée avec le Kenya, en plus des accords conclus avec l’Ouganda, est de bon augure.