Les manifestations contre le Conseil militaire de Transition deviennent meurtrières à N’Djaména. Au moins deux morts ont été signalées depuis ce matin. Des pancartes dénonçant l’entrisme français au Tchad ont aussi été aperçues.
Deux personnes tuées et 27 blessées au Tchad ce mardi, alors que les manifestations citoyennes réclamant un retour au régime civil ont éclaté ce matin à N’Djaména. Depuis la mort du président Idriss Déby Itno la semaine dernière, son fils Mahamat a pris le pouvoir, à a tête d’un groupe de généraux.
Les trouble de cette matinée soulignent l’atmosphère tendue à N’Djaména. Le gouvernement du CMT a du mal à gagner une population épuisée par 32 ans de régime militaire. Un porte-parole du Conseil militaire de Transition a déclaré que les forces de sécurité tentaient de contenir les manifestants tout en limitant les dégâts matériels.
Contre l’ancien régime et la colonisateur de toujours
L’opposition tchadienne qualifie la prise de pouvoir militaire de coup d’Etat. Alors même que l’armée avait nommé un civil à la tête du gouvernement hier, Albert Pahimi Padacké, un ancien ministre de Déby, représente pour les Tchadiens un vestige de son long règne. Les forces de l’ordre ont répondu aux protestations par du gaz lacrymogène, alors que les manifestants brûlaient des pneus dans plusieurs quartiers de la capitale. Le feu s’est étendu tellement qu’on pouvait l’apercevoir de loin, selon Reuters.
Pendant ce temps, la France, ancien dirigeant colonial, dont l’armée est présente au Tchad et dans plusieurs pays africains voisins, fait pression pour une solution politique civilo-militaire. Une ingérence qui ne semble pas au goût des Tchadiens. Les manifestants ont, en effet, levé des pancartes dénonçant l’entrisme français, exigeant que la France laisse le peuple tchadien décider de son avenir. Les contestataires ont aussi crié au scandale, trouvant que le support des nations occidentales au nouveau président Mahamat Déby était indécent.