Le Maroc a protesté samedi contre l’entrée du chef des indépendantistes du Front Polisario, Brahim Ghali, sur le territoire espagnol. Le leader rebelle a été hospitalisé en Espagne, après avoir été atteint de la Covid-19.
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a convoqué l’ambassadeur d’Espagne Ricardo Diez Hochleitner à Rabat pour lui demander des explications quant à l’hospitalisation de Brahim Ghali à San Pedro de Logroño, en Espagne. Le chef rebelle aurait notamment atteint le territoire ibérique à bord d’un avion algérien.
Du côté du Maroc, la décision de l’Espagne de recevoir Ghali serait « incompatible avec l’esprit de partenariat et de bon voisinage », a déclaré Nasser Bourita. L’Espagne a toutefois assuré que son pays tient à garder de bonnes relations avec le Maroc. « Cela n’empêche pas les excellentes relations que l’Espagne entretient avec le Maroc », a déclaré la ministre des Affaires Etrangères espagnole, Arancha Gonzáles, lors d’une conférence de presse tenue ce weekend.
Des enjeux des deux côtés de la mer d’Alboran
Des responsables espagnols ont révélé la semaine dernière que Brahim Ghali, 73 ans, était hospitalisé en Espagne pour un traitement contre la Covid-19. Ghali dirige le Front Polisario, un mouvement séparatiste du Sahara occidental. Le Front Polisario cherche à établir un Etat indépendant dans la région, engageant périodiquement les forces armées marocaines.
Depuis le 10 décembre 2020, les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cet accord a été atteint après le rétablissement des relations diplomatiques entre Israël, l’allié des Etats-Unis, et le royaume chérifien.
Le Sahara occidental s’étend le long de la côte atlantique de l’Afrique, au sud de la ville balnéaire marocaine d’Agadir. Le vaste territoire borde l’Algérie et la Mauritanie, ce qui expliquerait l’intervention d’Alger, qui a aussi des revendications sur le Sahara occidental, dans le cas de Ghali. La République arabe sahraouie démocratique, autoproclamée par le Front Polisario, a une population de 600 000 habitants.
Les dirigeants du Polisario ont déclaré que Ghali « se rétablit favorablement » dans l’hôpital espagnol. Une guerre de clans sévit au sein du Front Polisario. Et malgré qu’un avion algérien ait déposé Ghali sur le territoire espagnol, rien n’indique que le gouvernement algérien est favorable à sa direction des rebelles sahraouis. En effet, si Ghali est retenu en Espagne après son rétablissement, il y risque l’arrestation pour des crimes de guerre.
Le déroulement de cette affaire dépendra donc de la prochaine décision de l’Espagne. Si Ghali est arrêté, le statu quo serait probablement maintenu. Autrement, l’Algérie devra soutenir un autre chef du Front Polisario, ce qui compliquera davantage les relations algéro-marocaines.