Selon l’UNHCR, l’offensive de Boko Haram au Nord-est du Nigéria a délogé 65 000 civils de Damasak. Les affrontements entre les groupes armés de Boko Haram et les forces nationales avaient commencé mercredi et 18 personnes ont été tuées vendredi.
Lors de la conférence de presse quotidienne du 16 avril, Le porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a déclaré que le conflit à l’Etat de Borno, au Nigéria, avait atteint Damasak jeudi. Selon le porte-parole, Babar Baloch, plus de 80% des habitants de Damasak ont été chassés de leurs foyers par les combattants de Boko Haram. Autour de 65 000 personnes ont fui la région pendant les quatre dernières journées. Le porte-parole du gouverneur de Borno a annoncé la mort de 18 personnes au moins.
Beaucoup d’entre eux ont pris la route de Maiduguri, le chef-lieu de l’Etat de Borno. Certains, en revanche, ont préféré franchir la frontière nigérienne vers Diffa. « Les assaillants ont pillé et incendié des maisons, des entrepôts d’organisations humanitaires, un poste de police, une clinique et également un établissement du HCR », a déclaré Babar Baloch. La situation sur le terrain serait « extrêmement critique » selon le porte-parole, les combattants ont même volé une ambulance.
Borno, un Etat déchiquetée
Antérieurement, Boko Haram menait fréquemment des raids sur la rive ouest du Lac Tchad. L’offensive de mercredi était menée par un groupe beaucoup plus large. Les hommes armés auraient d’abord spécifiquement attaqué les installations des ONG. Ils recherchaient des employés et des volontaires de l’UNHCR, selon un responsable local.
Ce n’est que le vendredi 16 avril que le porte-parole du gouverneur de Borno a annoncé que 18 personnes avaient perdu la vie à Damasak. Bien que des soldats nigérians étaient déployés dans la région, ils n’ont pas pu tenir leur position à l’ouest de la ville. Et malgré les renforts militaires, il est difficile de couvrir l’exode des civils et de repousser les groupes armés simultanément. Le samedi 17 avril, l’armée a déclaré que la situation était sous contrôle.
Ces évènements marquent la dernière attaque de Boko Haram en date dans la région nigériane du bassin du Lac Tchad. Les affrontements successifs ont déraciné jusqu’à 3,3 millions de personnes ces dernières années, comme a indiqué l’UNHCR. Les habitants de Damasak dépendaient largement des aides humanitaires des Nations Unies. La mission humanitaire de l’ONU a cependant dû quitter la ville ces derniers jours.
L’Etat de Borno avait connu une attaque similaire du groupe terroriste Boko Haram. En 2014, la ville de Malam Fatori a été envahie. L’attaque avait causé 21 morts et la ville n’a été reprise qu’une semaine plus tard. Les habitations ont été brulées et l’infrastructure dégradée à un tel point que les habitants de Malam Fatori ont préféré rester au camp de réfugiés au Niger, où ils s’étaient enfuis.
Seule différence avec l’attaque de cette semaine, c’est que le nombre de personnes délogées est largement supérieur. Les attaques de Boko Haram s’intensifient et Borno est un Etat émietté depuis des années.